Alors que le président Museveni a finalement décidé de signer cette loi durcissant la répression anti-homosexualité, l’Eglise réaffirme sa désapprobation.Le président ougandais Yoweri Museveni a signé lundi la loi prévoyant l’emprisonnement à vie pour les personnes homosexuelles, après avoir pourtant affirmé qu’il n’en ferait rien. Ce brusque revirement s’est fait après qu’un groupe de scientifiques lui a affirmé que l’homosexualité n’était pas «génétique mais comportementale».
Le texte adopté mi-décembre prévoit notamment l’interdiction de toute «promotion» de l’homosexualité et impose la délation à tous les citoyens. Les dispositions les plus controversées, comme celles prévoyant la peine de mort en cas de récidive, de rapport sexuel avec un mineur ou en se sachant atteint du sida, ont finalement été abandonnées.
Aucune « pression étrangère »
Cette nouvelle législation est très largement condamnée par la communauté internationale, et des menaces de représailles financières ont été immédiatement émises par plusieurs pays. Le président Museveni, qui a déclaré à la chaîne CNN que les homosexuels étaient «dégoûtants», s’est dit «déterminé à protéger les valeurs morales du pays, et ce même si cela signifie perdre le consensus». Le ministre de l’Ethique et de l’intégrité Simon Lokodo a ajouté qu’il préférait «être pauvre qu’immoral»: «nous n’avons que faire de perdre le soutien financier de nos partenaires commerciaux. Les Ougandais préfèrent mourir pauvres plutôt que de vivre dans un pays immoral».
Une répression fermement condamnée par l’Église
l’Église n’a pour sa part pas manqué de faire entendre sa voix sur la question. L’Église catholique, de même que les autres confessions chrétiennes, se sont dernièrement opposées aux séries de lois répressives adoptées sur le continent africain, rappelant le caractère fondamental du respect de la dignité de chaque personne. Des condamnations conformes au Catéchisme de l’Église catholique (cfr. 2358), qui affirme que les personnes homosexuelles doivent être accueillies «avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste».
Après l’évêque de Mumbai en Inde début décembre, l’hebdomadaire de la conférence épiscopale d’Afrique du Sud (Ouganda compris) Southern Cross s’était à son tour indigné dans un éditorial de la sévérité des normes prises à l’encontre des homosexuels, lesquelles se sont propagées dans plusieurs états du continent africain ces dernières années.