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François et Benoît XVI : L’Eglise, au-delà de ses hommes, est l’Eglise du Christ

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Alvaro Real - publié le 24/02/14
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Jesús Colina revient sur ce consistoire historique, en présence de deux papes.24/02/2014

Dans le programme ‘El Espejo’ de la chaîne espagnole COPE, le président et directeur de Aleteia.org analyse le consistoire pour la création de 19 nouveaux cardinaux et l’évènement de la présence surprise du pape émérite Benoît XVI : « Une cohabitation de deux papes dans l’histoire, du jamais-vu. Cependant, pour la première fois, nous l’avons vu dans une rencontre publique ».

Dans cet entretien, Jesus Colina explique aussi le courage dont a fait preuve le pape François dans ses récentes nominations cardinalices et aborde l’éventualité que soit autorisé l’accès à la communion pour les divorcés-remariés :
« Le fait que les sacrements, de la communion et de la confession, leur soient refusés est vécu comme une intransigeance et une exclusion. La question est de savoir comment faire pour que ces personnes puissent percevoir d’un côté l’accueil de l’Eglise, et de l’autre qu’elles sont les premières victimes ».
 
Nous tenterons d’analyser la semaine vécue à Rome et au Vatican, mais j’aimerais que nous commencions par aujourd’hui. La présence du pape émérite Benoît XVI au Consistoire a créé la surprise. Vous y attendiez-vous ?

Jesus Colina : Non. C’était  vraiment très émouvant. Ceux qui ont vu ces images à la télévision auront été touchés aussi. Des questions me sont venues à l’esprit quand j’ai vu le pape Joseph Ratzinger, habillé de son manteau blanc, qui attendait le pape François, et ensuite cette étreinte… Les mêmes questions qui ont surgi il y a un an, quand Benoît XVI a renoncé à sa charge. Une cohabitation de deux papes, c’est une première dans les annales de l’Eglise. Pour la première fois, nous l’avons vu dans une rencontre publique. Un acte historique qui nous a montré comment, au-delà de ses hommes, l’Eglise est l’Eglise du Christ.
 
L’étreinte de ce jour-là nous interpelle et nous donne à réfléchir sur cette leçon que nous a donnée le Pape émérite : une Eglise humble, une Eglise qui risque, une Eglise croyante ?
 
Pour moi, telles sont les trois leçons que nous laisse au final Benoît XVI par son acte de renonciation et tout au long de son pontificat. Tout d’abord une Eglise humble, car il faut beaucoup d’humilité, en ces temps difficiles que vit l’Eglise, pour être capable de dire : je n’ai plus l’énergie, je n’ai plus la force nécessaire, il faut qu’un autre poursuive.

Deuxièmement, le Pape professeur, le Pape prudent, le Pape qui agissait en tout avec mesure, se lance dans un acte sans précédent dans l’histoire, un acte de renonciation à sa charge. Si le Pape avait convoqué un Consistoire, comme l’a fait aujourd’hui le pape François, et avait demandé aux cardinaux ‘je renonce, êtes-vous d’accord?’, je suis sûr que, dans leur majorité, ils lui auraient répondu: « Pas question». Et pourtant, cet acte de renonciation a inauguré un renouveau dans l’Eglise que personne ne pouvait imaginer.

Mais ce que surtout Benoît XVI a enseigné, c’est que l'Eglise n’est pas ‘pouvoir’. En fin de compte, à l’heure actuelle, l’Eglise perd tous les pouvoirs économiques et politiques qu’elle a pu posséder et se présente d’abord comme la communauté des croyants qui suivent Jésus. Sans la foi, l’Eglise ne se comprend pas. Plus qu’avec des paroles, nous l’avons vu dans le geste de renonciation du pape Benoît XVI, dans sa simplicité et la façon dont son successeur le pape François a pris la relève.

Cela rejoint les trois messages que le pape François nous adresse dans ce Consistoire : l’Eglise n’est pas la vieille Europe, dans l’Eglise pas de distinctions ni décorations,  et le Synode doit être pris très au sérieux…

Dans ce sens, il est extraordinaire que Benoît XVI ait choisi le Consistoire de cardinaux pour sa première manifestation publique depuis sa renonciation. Je ne m’y attendais pas, je pensais qu’il ferait sa première apparition en public lors de la canonisation de Jean Paul II et Jean XXIII, et c’est à cette occasion que nous pensions le revoir. Curieusement, il a choisi précisément ce Consistoire dans lequel François est, pour ainsi dire, en train de façonner l’Eglise.

Le pape François a accompli des actes qui requièrent un certain courage : il a choisi des cardinaux que personne ne pouvait imaginer et qu’on n’attendait pas, et n’a pas choisi d’autres cardinaux que tout le monde pensait voir figurer sur la liste. Par exemple, il n’y a pas de cardinaux de France, de Belgique, des Etats-Unis… pas de cardinal d’Espagne. En revanche, on trouve l’évêque d’un petit diocèse d’Haïti ou de Mindanao aux Philippines. Le Pape montre par là ce qu’il veut pour son pontificat : l’Eglise doit aller aux périphéries, pas seulement existentielles, mais aussi géographiques.

Il nous dit que les cardinaux doivent cesser d'être des princes. A l’origine, les « princes » de l’Eglise étaient les cardinaux, ce qui signifiait qu’ils étaient « les premiers » ;  mais ensuite ils sont devenus des princes de cour. Le Pape leur demande de mettre de côté décorations et titres et leur dit aujourd’hui qu’ils sont des hommes d’Eglise, des évangélisateurs de terrain.

Le pape François, dès la première journée du Consistoire, avait fait l’éloge du cardinal Kasper qui faisait la « théologie à genoux ». La grande question : la communion sera-t-elle autorisée pour les divorcés-remariés ?

Il y a deux grandes questions qui sont actuellement à l’étude et pour lesquelles il n’y a toujours pas de réponse. En premier lieu, l’Eglise croit en l’indissolubilité du mariage et, par conséquent, aucun pape n’a le pouvoir de modifier cette conception du mariage qui figure dans la Bible, voire dans l’Ancien Testament.

D'un autre côté, les circonstances de la vie font que beaucoup de couples aujourd'hui ont rompu leur mariage et, du fait de cette rupture,  vivent l'une des plus grandes souffrances de leur vie. Se voir refuser les sacrements, de la communion et de la confession, est vécu comme une intransigeance et une exclusion. La question est de savoir comment faire pour que ces personnes puissent percevoir d’un côté l’accueil de l’Eglise, et de l’autre qu’elles sont les premières victimes. L’Eglise devient Mère et Compagne de ceux qui souffrent le plus, justement les divorcés-remariés.

Article traduit de l'espagnol par Elisabeth de Lavigne
 

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