« Nous n’avons pas le droit de nous en prendre à des religieux, notre prophète nous l’interdit … je souhaite donc qu’ils soient relâchés », appelle le grand théologien musulman, à l’occasion d’une visite au Conseil œcuménique des Eglises à Genève.
21/02/2014
Depuis Genève, le cheykh Mohammed Abou al-Houda al-Yaqoubi a appelé les combattants en Syrie à libérer tous les chrétiens enlevés ou pris en otages, et en particulier les religieuses et les membres du clergé. Cet appel, rapporté le 20 février dans son intégralité par blog.lemonde, a été lancé le 14 février dernier en marge de la Conférence de « Genève 2 » sur la paix en Syrie, avant la suspension des travaux de celle-ci, deux jours plus tard, sans le moindre résultat.
« J'adresse cet appel aux moudjahidin en Syrie. Je leur demande de libérer tous les innocents enlevés, les femmes, les enfants et les membres du clergé, moines et nonne », dit le message du cheykh en rappelant aux islamistes : « Ce genre de comportement est interdit en Islam. Il altère l'image de la religion. Il porte atteinte à l'honneur de notre pays et de la révolution. Il déforme l'histoire et la culture qu'incarnent le Pays de Cham, l'islam et les musulmans. »
Le cheykh se trouvait alors en visite au siège du Conseil œcuménique des Eglises (COE), pour une rencontre avec des membres de l'opposition syrienne, organisée suite au message du COE qui appelait à mettre un terme au conflit. Tel message avait été transmis aux deux parties aux négociations de Genève 2 par Lakhdar Brahimi, chargé de mener les négociations pour l'ONU en sa qualité de représentant conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pour la Syrie.
Le groupe s'est réuni pendant une heure et demie avant de participer à une conférence de presse où le cheikh Al-Yaqoubi, en leur nom à tous, a vivement condamné l'enlèvement des 12 religieuses du couvent Sainte-Thècle à Maaloula et des deux évêques orthodoxes d'Alep, Mgr Boulos Yazigi et Mgr Yohanna Ibrahim , l'an dernier en Syrie, plaidant vigoureusement en faveur de leur libération et de celle de tous les religieux et laïcs syriens kidnappés :
« Je souhaite que ce message parvienne à tous les combattants en Syrie. Ils doivent savoir que, pour plaire à Dieu, servir le pays, soutenir la révolution et parvenir au but que celle-ci s'est fixé avec le renversement du régime, il nous faut respecter les hommes de religion de toutes les confessions. Nous n'avons pas le droit de nous en prendre à des religieux, chrétiens ou autres. Notre prophète nous a interdit de tuer les moines. Nous n'avons pas non plus le droit de les enlever, de restreindre leurs libertés, de les maltraiter ou de torturer des innocents quels qu'ils soient. Je souhaite donc qu'ils soient immédiatement relâchés. Je vous en remercie ».
Le cheikh al-Yaqoubi a, comme d'autres personnes au sein du groupe, souligné l'importance du patrimoine commun aux musulmans et aux chrétiens, dont les racines, a-t-il rappelé, s'étendent sur plusieurs siècles en Syrie et dans tout le Moyen-Orient.
Pour plus de détails : http://www.oikoumene.org/fr/press-centre/news/hopes-for-peace-in-syria-shared-with-members-of-syrian-opposition
http://syrie.blog.lemonde.fr/2014/02/20/syrie-le-cheykh-al-yaqoubi-condamne-la-prise-en-otage-de-religieux-et-religieuses/