Deux victimes de plus d’une violence endémique dans le pays qui a coûté la vie à plus de 11 000 personnes en 2013.18/02/2014
L’archevêque de Valencia, au Venezuela, Mgr Reinaldo Del Prette L., en union avec ses frères dans le sacerdoce, les religieux et les laïcs, exprime sa « profonde douleur et le profond désarroi de toute la communauté ecclésiale » suite à l’homicide du Père Jesus Plaza et du frère Luis Sanchez, et à l’agression et sacrilège dont ils ont été victimes dans la nuit du 15-16 février, au collège des salésiens de Don Bosco.
D’après les faits rapportés par la police et transmis à Fides, deux jeunes adolescents de 13 et 15 ans sont entrés dans la maison des religieux pour voler des ordinateurs, des téléphones portables et autres objets de valeur. Mais ils ont été surpris dans leur action par les religieux et se sont retournés contre eux, tuant de plusieurs coups de couteau les deux salésiens âgés respectivement de 80 et 84 ans. Deux autres salésiens, le Père José Luis Salazar et David Marin, ont été eux aussi agressés et se trouvent actuellement hospitalisés dans une clinique locale.
« Les Salésiens constituent une présence importante et plus que séculaire de notre Église locale et nous sommes profondément touchés et horrifiés par cet événement exécrable », souligne l’archidiocèse de Valencia dans son communiqué.
Ces faits « n’ont rien à voir avec la politique », assure le père Fernando Santana, Directeur de la Maison Don Bosco de Guaparo, à la périphérie de Valencia, lieu de l’agression, mais avec « la terrible situation d’insécurité que tous connaissent dans le pays ». L’archevêque de Caracas, le cardinal Jorge Urosa, partage cette opinion. Pour lui, les jeunes sont entrés chez les religieux pour trouver de quoi se faire de l’argent et acheter de la drogue, une pratique très courante au Venezuela où le taux de criminalité lié au trafic de drogue a atteint des niveaux alarmants, avec des répercussions évidentes sur la sécurité des citoyens.
L’occasion pour le cardinal Jorge Urosa de réitérer l’appel de l’Eglise, lancé la veille au gouvernement, d’ « entreprendre un gros travail pour favoriser la recomposition sociale, juridique et légale ».
Selon des données recueillies par Fides dans la presse locale, l’insécurité au Venezuela a causé la mort de 11.000 personnes au cours de la seule année 2013 – selon les chiffres officiels – alors que, selon les données d’un certain nombre d’ONG, le nombre de morts aurait dépassé le cap des 20.000.
Depuis plusieurs semaines le Venezuela est secoué par une fronde étudiante, appuyée par certains secteurs radicaux de l'opposition, pour protester contre l'insécurité et le délabrement de l'économie. Le 12 février dernier, des manifestations étudiantes à Caracas ont tourné au drame : le cadre d’un « collectif » – groupe favorable au gouvernement – et deux étudiants, ont été tués par balles, 50 autres personnes blessées.
A la suite des faits, l’Archevêque de Cumaná et Président de la Conférence épiscopale du Venezuela, Mgr Diego Rafael Padrón Sánchez, a demandé à tous les Vénézuéliens de « réfléchir et de se mobiliser pour en faveur de la paix », leur rappelant que le dialogue est « une clef qui ouvre les portes, abaisse la tension et permet de trouver des accords et des appuis parmi le plus grand nombre ». II a également demandé au Chef de l’Etat « d’écouter le peuple qui proteste ».
Au Venezuela, l’Eglise attend d’être convoquée par le gouvernement pour définir « un projet commun » au sein dudit « Mouvement pour la Paix et la Vie », une initiative gouvernementale lancée le 14 avril 2013 visant à « préserver la vie des vénézuéliens en promouvant une culture favorisant une coexistence pacifique et solidaire ». Dans un pays où 80% des habitants sont catholiques, pour les évêques « la participation de l’Eglise à un plan pour le désarmement des citoyens ou pour la résolution des conflits doit représenter une priorité pour les autorités de l’Etat ». Ils ont invité les maires à venir connaître les prêtres de leurs paroisses pour les impliquer dans leurs projets.