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In memoriam : Christine Ponsard, la fulgurance du don

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Philippe Oswald - publié le 16/02/14
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Il y a dix ans, le 16 février 2004, la rédactrice en chef des pages religieuses de l’hebdomadaire Famille Chrétienne succombait à la maladie. Mais son rayonnement spirituel ne s’est pas éteint.16/02/2014

Le jeudi 19 février 2004, en l’église Saint-Nizier de Lyon, nous disions un ultime « à Dieu » à Christine Ponsard, notre amie et collaboratrice pendant près de 17 ans à l’hebdomadaire catholique Famille Chrétienne. Mère de famille, elle avait été arrachée par un cancer à l’affection de son mari Christian et de leurs trois enfants adoptés, dont le dernier était tout jeune encore.

Ce même jeudi, la plupart des lecteurs de Famille Chrétienne apprenaient, en recevant leur journal, que Christine nous avait quittés le lundi précédent, 16 février : une nouvelle qui les a frappés comme la foudre ! Il n’est pas exagéré de dire qu’elle fut répercutée dans la France entière et bien au-delà dans le monde : dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi, c’est par centaines que sont parvenus à la rédaction du journal les lettres et les messages les plus touchants, écrits par les personnes les plus diverses, de tous âges et conditions. Nous avions beau savoir que les articles de Christine Ponsard touchaient chaque semaine beaucoup de nos lecteurs, nous étions encore loin de mesurer l'influence de ses articles sur des personnes aussi nombreuses et diverses : des mères et pères de familles, des jeunes gens, des personnes âgées, des malades, certains en fin de vie, des laïcs mais aussi des prêtres, des religieux et religieuses.  Elle avait créé avec ses lecteurs des liens véritablement fraternels à travers sa chronique hedomadaire « la foi en famille », si solidement enracinée dans la tradition vivante de l’Église, mais aussi grâce aux lettres auxquelles elles répondaient personnellement.

Ses phrases toutes simples, courtes, limpides, allaient droit au but et faisaient mouche sans jamais blesser. Elle ne cherchait pas l’effet littéraire : elle écrivait comme elle était, vive, exigeante- d’abord envers elle-même- percutante et sans détours. Toujours plus transparente. Malgré son extrême sensibilité, elle échappait au « souci de soi ». Il est rare, il est exceptionnel de rencontrer une personne à ce point donnée que même sa renommée croissante ne pouvait entamer son humilité. L’impact de ses articles et de ses conférences, les compliments qu’on lui en faisait, l’étonnaient sincèrement. Elle avait la simplicité de les accueillir ni plus ni moins que les critiques, et les renvoyait à Dieu, seul véritable auteur de l’effet produit par de pauvres mots sur des âmes.

Une vive conscience de l'enjeu de la famille pour la société et pour l'Eglise

Pourtant, ce détachement et cette aisance apparente avaient un prix que nous étions quelques-uns à soupçonner, et qui allait au-delà du syndrome de la page blanche bien connu de quiconque se mêle d’écrire. Elle avait une si vive conscience de l’enjeu que présente la cellule familiale pour toute la société et pour l’Eglise, qu’elle n’avait de cesse d’affiner son approche de la vérité et de la mettre à la portée du plus humble de ses lecteurs. Sa lucidité sur la fragilité affective, sur les pièges tendus à l’amour et à la fidélité conjugale, sur les difficultés de la relation éducative et de la solidarité entre les générations, l’obligeait à ne jamais consentir à l’à-peu-près. Ce travail ne la détournait pas de ses propres responsabilités d’épouse et de mère de famille – quel crédit accorder à qui prêche sans pratiquer ? Mais chez Christine, l’exigence du devoir d’état prenait une dimension héroïque. Depuis des années, c’est en luttant contre l’épuisement qu’elle y faisait face. Son corps brûlé par les rayons qui l’avaient sans doute sauvé d’un cancer dans sa jeunesse, la laissait à la merci de la plus banale maladie ou du surmenage. Finalement, c’est une autre forme du mal sournois qui avait failli l’emporter à vingt ans qui l’arracha à l’affection des siens et à la nôtre, ses amis et collègues, le16 février 2004. Elle n’avait pas 48 ans.

Sept mois durant, les diverses manifestations d’un cancer foudroyant, mais difficile à diagnostiquer, l’avait conduite d’hôpital en hôpital. La perplexité des médecins la maintenait dans un mélange d’angoisse et d’espoir, avec sa famille et toute l’équipe de Famille Chrétienne. Elle continuait néanmoins à veiller à « la foi en famille ». Elle n’avait plus la force d’écrire mais elle choisissait dans les chroniques qu’elle avait rédigées depuis près de dix-sept ans, celles qu’elle souhaitait voir reparaître. Celle de la semaine précédant sa mort s’intitulait : « La maladie, épreuve et grâce ». Pour la dernière, Christine avait choisi comme titre : « J’irai vers mon Père ». C’est là qu’elle nous attend désormais.
 
Osons l’affirmer : sa vie trop courte et marquée plus qu’une autre par de redoutables épreuves, fut pleinement heureuse. Si Christine trace si bien les voies du « bonheur à construire » -titre d’une collection regroupant la majeure partie de ses écrits-, c’est qu’elle l’a vécu pleinement en famille, et qu’elle sut en rayonner auprès de ceux qui l’approchaient ou qui la lisaient, parfois à l’autre bout du monde. De ce bonheur, certes, elle fut en partie l’artisan. Mais non pas l’auteur. Car l’action fondamentale de sa vie fut d’accueillir ce don qui passe tous les dons et que l’on nomme la grâce.
 
Bibliographie : La plupart des nombreux livres pour les petits et les grands de Christine Ponsard ont été publiés par les éditions Mame et Edifa/Mame, et les éditions des Béatitudes.
 
 
 
 

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