Jeune trader accusé d’une perte frauduleuse de quasiment cinq milliards d’euros, Jérôme Kerviel se définit lui-même comme « le monstre créé et recraché par la finance ». Trois constats à la veille de son procès.
Alors qu'il se prépare à affronter son dernier procès, qui pourrait l'amener à purger cinq ans de prison et faire de lui l'homme le plus endetté de la planète (5 milliards d'euros !), Aleteia.org a rencontré Jérôme Kerviel. Notre commentaire de cette interview exclusive de Aleteia : trois leçons dont le monde devrait prendre urgemment conscience.
Première leçon : le réveil éthique suit l'alarme sur les bénéfices
Tant que les investissements de Jérôme Kerviel engendraient des bénéfices, personne dans le système ne se préoccupait de savoir s'il était ou non éthique de spéculer contre des entreprises (et l'emploi de ses salariés) ou contre des monnaies (et les habitants de ces pays). Mais quand ses paris ont provoqué des pertes astronomiques, alors, soudain, le jugement éthique du système s'est adapté à la dimension de la catastrophe.
Seconde leçon : tout le monde critique, personne n'agit
Comme l'explique Jérôme Kerviel, après le déclenchement de la crise financière mondiale, la réaction du monde politique et économique s'est limitée à des critiques et des condamnations. L'ex trader star fait d'ailleurs le parallèle avec la crise écologique : "Tout le monde comprend que nous courrons à la catastrophe sans être capable de mobiliser l’énergie suffisante permettant un sursaut collectif et des réformes en profondeur." Jérôme Kerviel reconnaît ses fautes et sa responsabilité, mais il serait puéril de penser que le fait de condamner le bouc émissaire suffise pour résoudre le problème.
Troisième leçon : le Pape nous montre la voie
Jérôme Kerviel a choisi un média catholique pour diffuser cette interview, car il considérait qu'à ce moment de sa vie, le Pape constituait la seule autorité morale dont les paroles soient en cohérence avec les actes, afin de tirer les leçons de cette crise éthique, à l'origine de la crise financière mondiale.
Dans l'interview exclusive publiée par Aleteia.org, l'ex trader fait son examen de conscience et reconnaît que sa foi vacille à l'approche de la prison. Mais le pape François représente à ses yeux "l’image d’un phare qui montre un cap, seul à même de moraliser le système et de mettre en échec l’insupportable relégation de l’humain au second plan."