D’abord voté par le Sénat, début décembre 2013, puis approuvé mardi 28 janvier 2014 par la Commission de la Justice à la Chambre des représentants de Belgique, le projet de loi qui étend la loi de 2002 sur l'euthanasie aux mineurs, risque d'être adopté définitivement par les députés bien avant la fin de la législature, cet été.
Mgr André-Joseph Léonard, Archevêque de Malines-Bruxelles, et ses trois évêques auxiliaires invitent tous les doyennés, les basiliques et sanctuaires de l’archidiocèse, à vivre le jeudi 6 février une journée de jeûne et, le soir à 20h, une veillée de prière, afin « d’éveiller les consciences et provoquer un ultime débat public ». Sont invités également à s’unir à cette démarche « d’autres chrétiens, les croyants d’autres religions ainsi que des agnostiques ou des athées », leur rappelant que celle-ci est « avant tout d’ordre philosophique ».
Cet appel, qualifié « d’urgent » par les quatre évêques :
Mercredi, au lendemain de l’approbation du projet de loi par la commission de justice, 38 pédiatres ont réagi publiquement en publiant une lettre ouverte qui liste, en quatre points, toutes les bonnes raisons de juger ce projet « totalement inutile » et nullement « urgente ».
Cette lettre, précisent les médecins « est un appel lancé par des pédiatres jouissant d’une pratique quotidienne, et non d'un pur exercice de réflexion en chambre ! Elle n’est pas une tentative de mise au frigo de l’euthanasie des mineurs, mais une demande de sursis pour une proposition de loi qui risque d’être adoptée dans la précipitation. Loin d’être un pamphlet politique ou idéologique, cette lettre ouverte propose une réflexion sereine émanant de soignants de terrain (…) ».
Voici quelques extraits des quatre points soulignés par ces pédiatres dans leur lettre :
Premier point : « Cette loi ne répond à aucune réelle demande. La plupart des équipes médicales qui prennent en charge des enfants en phase terminale, à domicile ou en hôpital, doivent reconnaître qu’elles n’ont jamais été confrontées dans leur pratique à une demande d’euthanasie spontanée et volontaire exprimée par un mineur d’âge… ».
Deuxième point : « Dans l’état actuel de la médecine, les moyens pour apaiser la souffrance sont largement disponibles dans notre pays, bien plus que dans la plupart des autres pays ... nous sommes aujourd’hui en mesure de contrôler parfaitement la douleur physique, l’étouffement ou l’angoisse à l’approche de la mort. Les équipes de soins palliatifs pour enfants reconnues sont parfaitement aptes à soulager la douleur, tant en hôpital qu’à domicile… »
Troisième point : « La prise en charge d’enfants gravement malades est déjà suffisamment complexe. En de telles circonstances, il est d’autant plus pénible pour le personnel médical et la famille de se trouver en outre confronté à un choix éthique particulièrement délicat : allons-nous, oui ou non, recourir à l’euthanasie active ? Les soignants en pédiatrie sont témoins de la douleur indescriptible des parents d’un enfant malade en phase terminale. L’extension de la loi aux enfants ne fera qu’accroître leur désarroi et leur stress…. ».
Quatrième point : « … Suivant la proposition de loi actuelle, la capacité de discernement du mineur d’âge est une condition de recevabilité de la demande d’euthanasie. Or, en pratique, il n’existe aucune méthode objective pour apprécier si un enfant est doué de la capacité de discernement et de jugement. Il s’agit donc en fait d’une appréciation largement subjective et sujette à influences…. ».
L'archidiocèse de Malines Bruxelles appelle à une journée de jeûne et à une veillée de prière avant le vote du projet de loi - dont 38 pédiatres dénoncent publiquement « l’inutilité ».