A Rome, depuis 30 ans, une messe est dite pour les sans-abri défunts, depuis ce jour de janvier 1983 où Modesta Valenti mourut dans des conditions tragiques à la gare de Termini.
Alors que l’on fête le 60e anniversaire de l’appel de l’abbé Pierre pour les pauvres sur Radio Luxembourg, l’aumônier du pape François, Mgr Konrad Krajewski, a célébré le 2 février à Rome une messe en l’honneur des personnes sans-abri qui ont perdu la vie en raison de la misère, de l’abandon.
Une tradition qui remonte à ce 31 janvier 1983, quand Modesta Valenti, une vagabonde de 71 ans, décède dans les couloirs de la gare romaine de Termini. L’histoire est tragique : Modesta est prise d’un malaise, mais l’ambulance appelée pour la secourir refuse de l’admettre à son bord. Motif invoqué : Modesta est sale, elle a des poux. Elle meurt après des heures d’agonie, sans que personne ne lui porte secours.
Depuis ce triste jour, la communauté Sant’Egidio célèbre chaque année une messe en l’honneur de tous les « amis de la rue » qui ont perdu la vie. Cette communauté d’origine italienne, installée dans le quartier romain du Trastevere, engagée pour la paix et l’œcuménisme, a aussi développé un apostolat envers les pauvres à travers le service des repas, des dîners itinérants et des lieux d’accueil. Elle a tissé au fil des années des liens de proximité et de familiarité avec eux, en tentant d’améliorer leurs difficiles conditions de vie (cf. Sant-Egidio).
« Ce matin, avant de sortir de la maison pour venir vous retrouver, j’ai salué le Pape. Je lui ai dit que je m’apprêtais à célébrer cette messe. Il m’a écouté et il m’a dit : je ne pourrais pas venir, mais dis leur à tous que je les embrasse très, très fort » (cf. Sant-Egidio). C’est par cette salutation que Mgr Konrad Krajewski a débuté cette messe en l’honneur des sans-abris.
La longue liste des noms des personnes disparues a commencé, comme chaque année, par celui de Modesta Valenti. A chaque nom, une bougie est allumée. Plus de 300 bougies ont ainsi illuminé la basilique romaine de Sainte Marie du Trastevere. A la fin de la célébration, à laquelle participaient le fondateur de la Communauté Sant’Egidio, Andrea Riccardi, une fleur a été distribuée à chacun (cf. Sant’Egidio). Un grand repas a ensuite été offert aux personnes sans domicile et à leurs amis.