Les « Rouleaux de Marega » dormaient dans le dépôt de la Bibliothèque du Vatican depuis des dizaines d’années, jusqu’à ce qu’un chercheur du Saint-Siège prenne conscience de leur importance en 2010
Les “rouleaux de Marega” ont été baptisés du nom du missionnaire italien, le père Mario Marega, qui les a remis au Saint-Siège dans les années 40. Ces documents vont être inventoriés, catalogués et numérisés, par quatre Instituts japonais.
La Bibliothèque du Vatican et quatre instituts japonais ont donc décidé d’inventorier, cataloguer et numériser 10000 documents des archives japonaises, qui décrivent en détail la persécution des chrétiens au Japon durant la période XVIIe-XIXe siècle. Selon Mgr Cesare Pasini, directeur de la Bibliothèque apostolique vaticane, les “rouleaux de Marega” représentent les archives civiles les plus importantes du genre connues à ce jour.
une fois ces 22 rouleaux apportés à Rome sont restés dans le dépôt de la bibliothèque du Vatican pendant des dizaines d’années jusqu’au jour où, en 2010, un chercheur du Saint-Siège est parvenu à lire les caractères, et a réalisé leur importance. Le Vatican a alors pris contact avec des experts du Japon, et une équipe de chercheurs japonais s’est rendue au Saint-Siège en septembre afin d'étudier ces documents.
Mardi 28 janvier, un accord a été signé entre la Bibliothèque vaticane et l'Institut national de littérature du Japon, le Musée national d’Histoire du Japon, l’Institut d’historiographie de l’Université de Tokyo et les archives de la préfecture (province) d’Oita, accord en vertu duquel ces documents vont être étudiés pendant six ans. « Il est clair que ces documents sont uniques », a affirmé Mgr Pasini dans une interview accordée mardi à l’Associated Press.
« Selon les experts japonais, il n’existe par d'autre collection de cette importance », a-t-il poursuivi, en déroulant avec des gants un des rouleaux sur papier de riz daté de 1719, qui décrit la mort d’un chrétien enregistrée dans les archives civiles de Bungo, l’actuelle Usuki, préfecture d’Oita. Pasini a expliqué que les missionnaires jésuites ont commencé à répandre la foi au Japon en 1549, guidés par saint Francesco Saverio, un des fondateurs de l’ordre des jésuites auquel appartient le Pape François.
En 1585 le christianisme s'était répandu au point qu'une délégation de quatre jeunes catholiques voyagea aux antipodes afin de participer aux célébrations de l'élection du Pape Sixte V à Rome ; déjà sévissait une répression des chrétiens, et la persécution était devenue systématique. Des exécutions massives de fidèles eurent lieu, comme les célèbres 26 martyrs crucifiés à Nagasaki en 1597. En 1612 fut promulgué un édit antichrétien, et quelques années plus tard, le christianisme était interdit.
Les documents des archives du Vatican illustrent comment les autorités civiles japonaises ont appliqué l'interdiction, comptant sur les pagodes bouddhistes pour enregistrer et documenter quand un chrétien avait renoncé à sa foi ou était mort, a déclaré Mgr Pasini. La liberté religieuse a été réintroduite au Japon à la fin de la première décennie du 19e siècle, et dans les années 20, un missionnaire salésien, Mario Marega, qui vivait et travaillait au Japon, avait pris possession des archives civiles de Bungo. Les documents sont restés dans le dépôt jusqu’à leur découverte par Delio Proverbio, un chercheur orientaliste de la Bibliothèque vaticane.
C’est cette page magnifique de l’histoire de l’Eglise au Japon que le Pape François a évoquée dans sa catéchèse du 15 janvier, place Saint-Pierre ( cf. Aleteia) : « L’histoire émeut et édifie : au 18ème siècle, le Japon subit l’une des persécutions les plus terribles de son histoire. Des milliers de chrétiens furent tués et tous les prêtres furent exilés. Il n’en resta plus un. Mais la communauté chrétienne continua, dans la clandestinité, à se transmettre le flambeau de la foi, à travers le baptême. Si bien que 250 ans plus tard, quand les missionnaires revinrent au Pays du soleil levant, des milliers de chrétiens se manifestèrent ! »
A l’âge de 20 ans, le jeune Bergoglio voulait devenir missionnaire au Japon, mais il n'avait pas pu à cause de l'ablation d'une partie d'un poumon.
Article traduit par Elisabeth de Lavigne