Le danger est qu’au lieu d’évangéliser le monde, nous finissions par « mondaniser » l’Evangile par certaines activités paroissiales ou autres.31/01/2014
Pourquoi sommes-nous parfois si « folkloriques » à l’heure d’annoncer l’Evangile ou de vouloir construire la vie ecclésiale? Peut-être par crainte qu’en annonçant la Parole de Dieu, celle-ci effraie au point de faire fuir, au lieu d’attirer. L’apôtre Paul nous rappelle que c’est par la « folie de la prédication » qu’il a plu à Dieu d’affermir la foi et de la propager dans le monde; car c’est à cette prédication que nous devons revenir comme source de ce que Dieu veut pour nous.
La méthodologie utilisée, les nouvelles ressources, la nouvelle pédagogie, quand elles ne sont pas bien comprises, peuvent brouiller et atténuer la force et la beauté du message de salut. C’est pourquoi, lorsque nous pensons à des activités ecclésiales propres à stimuler la vie communautaire et de foi, nous pouvons courir le risque de penser que le moyen vaut plus que la fin et que, en définitive, tout est bon pour annoncer Jésus-Christ.
La prédication de la vérité de l’Evangile continue à être “folie ”, mais nécessaire pour la rencontre avec la Parole du Seigneur. Même si les moyens humains sont valables, tout ne peut être fait dans la tentative de porter la bonne nouvelle à tous. Le danger de toute activité dirions-nous « évangélique », c’est qu’au lieu d’évangéliser ce qui est « du monde », nous finissions par « mondaniser » l’Évangile.
Dans les endroits où j’ai eu l’occasion d’être curé, une chose m’a toujours choqué : quand on voulait faire un bingo paroissial, par exemple, il ne manquait jamais quelqu’un pour proposer une vente d’alcool, sous le prétexte – éculé – que c’était ce qui rapportait le plus. J’ai toujours pensé, avec conviction, qu’il y a certaines choses que nous devrions bannir de notre vie ecclésiale, sous peine de tomber dans la mondanité et de ne pas être un exemple pour ceux qui nous regardent.
Lorsque je pense à un groupe ou un mouvement de jeunes, je reconnais toujours leur ingéniosité pour faire des choses et innover ; mais au milieu de l’euphorie, on tend parfois à ternir la beauté de Jésus et rester uniquement avec la beauté des actes réalisés.
Combien de nos jeunes, membres de ces groupes de jeunes paroissiaux, se confessent fréquemment, participent et reçoivent l’eucharistie ? Combien de ceux qui ont déjà participé à ces groupes sont aujourd’hui mariés à l’église? Si le pourcentage est faible, alors nous devons nous demander si nous avons fait ce qu’il fallait. Parce que les groupes paroissiaux n’existent pas seulement pour former des personnes solidaires, mais des personnes chrétiennes – et ceci est beaucoup plus que d’être solidaire.
Chacune de ces activités que nous appelons « évangélisatrices » doit avoir comme centre la personne de Jésus. Et nous ne pouvons être assez naïfs pour penser que tout ce qui se fait dans la paroisse, parce que c’est paroissial, mène à Jésus-Christ.
Il ne faut pas avoir peur de la prédication, d’enseigner, de transmettre la foi, de présenter la parole de Dieu, qui est généralement une “épée à double tranchant” et, pour cela, nous devons être clairs dès le début. Nous ne sommes pas des « travailleurs sociaux » ni de simples « philanthropes » mais des apôtres de l’évangile, nous aimons au nom du Seigneur et construisons la personne dans toutes ses dimensions, mondaine et transcendante.
Chaque personne qui s’approche de nos communautés, nous devons lui faire une proposition de vie nouvelle, elle doit savoir clairement ce qui lui est offert. N’ayons pas peur de prier, en pensant que les gens vont s’ennuyer ; de
lire la parole de Dieu, en pensant qu’ils ne reviendront pas ; de les inciter à participer à la vie sacramentelle, en faisant valoir que ceci est pour après. Ce que nous proposons dans l’Eglise, c’est Jésus-Christ, le Seigneur. Il est le trésor que nous partageons, son salut est la proposition pour ceux qui veulent bien l’accueillir, mais aussi une nouvelle façon de vivre, de voir le monde, de l’interpréter et de vivre la vie.
Je ne m’oppose pas à ce qu’il y ait beaucoup d’activités paroissiales; en fait je les ai encouragées, mais il nous faut réexaminer si nous les réalisons de telle sorte que les personnes, grâce à ces activités, aient une rencontre personnelle avec le Seigneur, ou du moins qu’elles en sortent avec la paix dans le cœur.
Nous divertir, nous faire des amis, tout cela est fondamental dans la vie de l’Eglise, parce que nous ne devons pas être ni avoir l’air de gens ennuyeux. Mais ceux qui nous voient doivent reconnaître que notre joie est beaucoup plus que la joie du monde, et que notre fraternité a un nom propre, qu’elle est le fruit de notre relation avec Dieu.
La vie de l’Eglise ne se construit pas autour d’un pot, ni d’un jeu de table, elle se construit autour de la Parole. Il est clair que les activités de loisir pour construire amitié et solidarité, sont importantes et nécessaires; mais la foi va beaucoup plus loin que tout cela, et nous ne pouvons nous en tenir à faire la vaisselle et plaisanter autour d’une bouteille d’alcool.
Chaque jour, le Christ nous met au défi d’avoir du courage, de vaincre nos peurs, d’annoncer avec clarté le message de l’évangile, même en courant le risque que beaucoup s’en aillent. Jésus n’a jamais changé la vérité de l’Evangile, pour plaire à ses disciples. Quand il devait dire les choses, il les disait; et quand beaucoup se sont éloignés de lui, il a demandé aux autres s’ils voulaient partir aussi. Il a préféré courir le risque de rester seul plutôt que d’affaiblir les enseignements de son Père.
Nous sommes le sel de la terre. Nous sommes appelés à transformer le monde, et non à nous laisser transformer par le monde.