Le recours contre l’extension du Mur de séparation dans la vallée de Crémisan, site emblématique du christianisme, a été renvoyé à une date indéterminée par la justice israélienne.
30/01/2014
9,4% du territoire de Cisjordanie et de Jérusalem-Est sont déjà isolés par mur de béton ou clôturé selon les endroits. Il été construit en 2002, officiellement pour arrêter les infiltrations terroristes. Son tracé, qui s’étire sur 500 kms contre les 700 prévus initialement, se situe majoritairement en Cisjordanie et soulève depuis le début des contestations d’ordre politique, humanitaire et légal.
Le 29 janvier, les deux plus hautes juridictions israéliennes (Haute-Cour de justice et Cour suprême), après un premier renvoi en décembre dernier, ont à nouveau renvoyé à une date indéterminée leur décision sur deux recours contre les nouveaux tracés Les deux recours concernent :
1) Le village de Battir, réputé pour ses terrasses agricoles bimillénaires d’origine romaine, qui représente un véritable patrimoine historique, au point d’être un prétendant sérieux au classement par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité..
2) La vallée de Crémisan, près de Beit Jala non loin de Bethléem, site emblématique du Christianisme, couverte de citronniers et d'oliviers, mais également connue pour son vignoble produisant le vin des messes célébrées en Terre sainte.
Dans un entretien accordé lundi 27 janvier à l’Aide à l’Eglise en Détresse, Mgr Shomali, évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem, revient sur cette question du tracé du Mur de séparation entre Israël et les Territoires Palestiniens, en particulier sur le cas Crémisan, où 58 familles sont menacées de se voir confisquer leurs terres si le projet d’y élever un autre mur devait se concrétiser. Cette mesure toucherait aussi deux monastères (salésiens) de la région.
« Toute cette région nourrit l’existence d’un nombre important de familles palestiniennes chrétiennes, et beaucoup perdent espoir au bout de tant d’années de processus judiciaire qui ne semble pas aboutir à une réalité concrète », lui fait écho sur les antennes de Radio Vatican Mgr Pierre Bürcher, l'évêque de Reykjavik, membre de la Coordination de Terre Sainte, au lendemain d’un voyage en Terre Sainte effectué avec douze autres évêques, à la mi-janvier.
Chaque vendredi, les familles concernées prient sur place en faveur d’une solution juste. L’année dernière, le Père Ibrahim Shomali, prêtre de cette paroisse catholique, avait d’ailleurs apporté à Mgr William Shomali une lettre destinée à Sa Sainteté le Pape François à Rome, pour lui demander de l’aide. L’évêque auxiliaire a toutefois freiné les espoirs partiellement exprimés par des personnes concernées qui pensaient que le Pape pourrait s’engager publiquement en faveur de Cremisan en mai, à l’occasion de sa visite officielle en Terre Sainte.
Face à cette situation, les sentiments de Mgr Shomali, restent mitigés : « Mon discernement empreint de scepticisme me dit qu’il n’y aura pas de verdict qui bénéficiera aux gens de Cremisan », confie à l’AED le responsable des Territoires palestiniens au sein du Patriarcat latin de Jérusalem. Il rappelle en effet que « la sécurité est sacrée en Israël, mais son cœur, lui, « refuse de se résigner » car « beaucoup ont prié et témoigné de beaucoup d’engagements (…) empêchant ainsi la flamme de l’espoir de s’éteindre ».
La décision des juges sur le cas de Cremisan pourrait être rendue dans plusieurs mois, a commenté l’avocat des requérants en sortant de l’audience. Une vingtaine des Palestiniens de Beit Jala menacés par le tracé de la barrière s’étaient déplacés à Jérusalem pour assister aux débats. « Nous avons peu d'espoir, mais avec la pression diplomatique et la présence massive de l'Église, nous pouvons peser positivement sur la décision », a estimé le père Ibrahim al-Shomali, curé de Beit Jala, près de Bethléem, qui assistait à l’audience du mercredi 29 janvier. (Romandie.com avec AFP)