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L’Eglise a (aussi) besoin de Hobbits

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Brian Brown - aleteia - publié le 27/01/14
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Tout le monde n’a pas besoin d’être un nouveau Thomas d’Aquin. L’Eglise a aussi besoin de… Hobbits !Ex évangéliste et intellectuel m'intéressant de près aux affaires publiques, j'ai vu bon nombre de mes amis se convertir au catholicisme au fil des ans. Souvent, une exposition prolongée aux intellectuels catholiques d'aujourd'hui — dans des endroits tels que Princeton ou les organisations à but non lucratif de Washington —suffit aux jeunes évangélistes pour se rendre compte de ce qu'ils ratent. La beauté et la grandeur, la connexion à l'histoire et la force intellectuelle reviennent souvent parmi les raisons clés citées pour ces conversions.

Mais il existe ausi un contre-argument que l'on entend souvent : le type de catholicisme que l'on peut avoir la chance de fréquenter dans de tels endroits est en fait très éloigné du catholicisme "normal".  Le catholicisme d'aujourd'hui peut être superstitieux, léger en termes de formation spirituelle et de substance, et ne menant qu'à des églises vieillissantes. Mais c'est faux.

Un autre scénario laisse à supposer que c'est vers cet exemple d'un christianime d'élite, intellectuel que nous devrions tous tendre. Mais est-ce bien le cas ? Devrions-nous tous rêver d'être des intellectuels ? Est-ce que l'on mesure un bon chrétien à l'aune d'une dissertation sur Thomas d'Aquin rédigée par un surdiplômé ?

Je pense que Tolkien, lui-même catholique comme on le sait, en a très bien parlé dans Le retour du Roi. À un moment, Pippin remarque que les hobbits comme lui et Merry ne sont pas faits pour les rois, les châteaux et vivre dans la grandeur. Merry lui répond alors :

"Mais au moins, Pippin, pouvons-nous maintenant les voir et les honorer. Mieux vaut aimer d'abord de ce qu'on est fait pour aimer, je suppose, il faut commencer quelque part et avoir des racines, et la terre de la Comté est profonde. Il y a cependant des choses plus profondes et plus hautes, et sans elles pas un ancien ne pourrait soigner son jardin en ce qu'il appelle paix, qu'il en ait entendu parler ou non. Je suis heureux de les connaître, un peu. Mais je me demande pourquoi je dis cela. Où est cette feuille? Et sors ma pipe de mon paquetage, si elle n'est pas brisée."

Pippin et Merry ne sont pas des intellectuels. Ils ne sont ni fantastiques ni impressionnants. Mais dans ce petit passage, on peut noter deux choses importantes pour parvenir à construire une église en pleine forme :

– Que les gens “normaux” reconnaissent que ce que font les intellectuels a de la valeur, dans une société qui fonctionne bien. Que cela un impact sur les gens, qu'il faut respecter leurs actes, même si on ne les comprends pas toujours pleinement. Ce n'est que demain que nous pourrons juger de la valeur des élites d'aujourd'hui, en voyant comment leur travail aura porté ses fruits pour créer de belles âmes et de belles communautés.

– Le fait d'apprécier les choses qui comptent vraiment, même avec la plus grande simplicité. Bien vivre notre  vie dépend tellement de notre capacité à apprécier ce qui mérite de l'être.

Et c'est sans aucun doute ce que font les hobbits. Vous auriez du mal à trouver qui ce soit au troisième âge de la Terre du Milieu ou au 21e siècle qui prenne plus de plaisir à une bonne chanson, un bon repas, une maison, un arbre ou une belle amitié. Et Merry, à la différence de ses amis restés dans la Comté, a la sensation particulière que toutes ces choses viennent de quelque part – et que c'est ce quelque part qui vaut d'être exploré et découvert par quelqu'un, même s'il ne s'agit pas de lui. (Et à la fin de son petit discours, étonnament profond, Merry réclame tout simplement sa pipe…)

Nous ne voulons pas vraiment que tout le monde, ou que la plupart d'entre nous, soient des intellectuels. Mais, d'une certaine façon, nous voudrions qu'ils se comportent en hobbits.

Article paru dans l'édition anglaise de Aleteia sous le titre "The church needs hobbits", traduit en français par Judikael Hirel.

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