17 000 manifestants selon la police, 160 000 selon les organisateurs, ont manifesté de la Bastille aux Invalides le 26 janvier dernier, pour demander la destitution de François Hollande.
Difficile de définir le Collectif Jour de colère tant les soutiens sont disparates. Les bonnets blancs, rouges, gris, Le camping pour tous, Le collectif en colère contre l’éolien industriel, Les contribuables en révolte, et même des partisans du polémiste Dieudonné…
Mais ils avaient un objectif commun : demander la destitution de François Hollande. Ils étaient pour cela 17 000 selon la police, 160 000 selon les organisateurs, le 26 janvier dernier, à battre le pavé parisien de la Bastille aux Invalides, sous une pluie battante.
« À cette manif un peu foutraque, pas de “tenue correcte”, ni de carton d’invitation exigé à l’entrée. On y vient dans son jus, comme on est, avec la pancarte qu’on s’est bricolée sur un coin de table », relate la journaliste Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire. « Suffit d’être en colère. C’est le principe ».
Une manif bigarrée, disparate, hétéroclite, dans une ambiance un peu survoltée et tendue aussi, même si les organisateurs s’accordent à ne déplorer « aucun incident » durant la manifestation (cf. Le Figaro). Seulement après.
250 personnes ont été mises en garde-à-vue dans la soirée du 26 janvier. Selon l’un des organisateurs, ces incidents « ont eu lieu après l’appel à la dispersion. Seulement sept minutes après étaient tirées les premières grenades lacrymogènes. Il n'y avait aucune issue place Vauban (lieu d'arrivée du cortège, NDLR); bouclée par les forces de l'ordre. Selon nous, la police avait clairement reçu l'ordre de provoquer ».
Ce que confirme Gabrielle Cluzel : « À 18 h, l’ordre de dispersion est lancé. À 18 h 10, les forces de l’ordre bloquent les avenues donnant sur la place et balancent les premiers gaz lacrymogènes. Pour apaiser la colère, sans doute ? ».
Pour Valeurs Actuelles, la violence est venue des deux côtés : « 19 policiers ont été blessés, dont un gravement : il a été frappé d’un pavé dans la mâchoire. Aucun n’a été hospitalisé. Une partie des manifestants a défilé masquée. La réplique des forces de l’ordre a été de même acabit : ils ont aspergé les manifestants de gaz lacrymogène ».
Quid des slogans racistes et antisémites – « Juif, la France n’est pas à toi ! » – vigoureusement condamnés par le Crif (Conseil représentatif des institutions juives en France) au lendemain de la manifestation ?
« Ce qui aurait pu être un légitime mouvement protestataire, un de plus, de la société civile s’est transformé alors, sous l’impulsion des amis de Dieudonné et avec la connivence de courants extrémistes, en une indéfendable manifestation de vulgarité et de haine contre les juifs, les francs-maçons, les médias, j’en passe », écrit Ivan Rioufol, journaliste au Figaro. Selon lui, un « piège a été tendu à ceux qui voulaient, de bonne foi, exprimer l’exaspération d’une France oubliée ».
Parmi ces derniers, Béatrice Bourges, porte-parole du Printemps français, qui a annoncé entamer une grève de la faim jusqu’à la destitution de François Hollande. « Avec mon jeûne, je voudrais prouver que la colère, ce n'est pas la violence. On nous a traités d'extrémistes, on a trouvé que j'étais radicale. Aujourd'hui je pars avec mes armes à moi, des armes spirituelles. Le jeûne spirituel, c'est une arme extrêmement puissante », affirme-t-elle au Figaro.
Terminons avec cet article de Philippe de Saint-Germain dans Liberté Politique, appelant au discernement : « Ne rien céder, mais vaincre le mal par le bien, toujours, c’est l’enseignement pratique que nous ont laissé nos aînés dans la résistance, nos frères de Solidarnosc. Le père Jan Sikorski, ancien aumônier du syndicat polonais, l’a bien expliqué : toute résistance politique active libère des énergies généreuses et débordantes mais qui peuvent se retourner contre elles si elles ne sont pas maîtrisées. Elle peut en outre attirer dans son sillage des forces qui n’ont pas nécessairement une éthique de l’action enracinée dans la charité et la vérité. D’où la nécessité d’une organisation claire, qui sait discerner le bon grain de l’ivraie, qui contrôle ses troupes et qui assume ses responsabilités. On ne reconstruit jamais une société dans la spontanéité floue, même généreuse ou, plus grave, en spéculant sur le chaos ».