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François Hollande et le pape François : deux versions de la rencontre

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Philippe Oswald - publié le 25/01/14
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Du côté du Saint-Siège, on saura peu de chose de l’audience accordée par le Pape au Président de la République. Mais la comparaison du communiqué du Vatican et de la conférence de presse de François Hollande est parlante.24/01/2014

Au sortir des trente-cinq minutes de l’audience que lui a accordée le Pape, dans sa bibliothèque privée, François Hollande a fait une déclaration solennelle, retransmise par les chaînes d’information françaises, un peu avant 13h, le 24 janvier. Une première, qui rompt avec l'usage observé jusque-là par ses prédécesseurs reçus en audience privée par un souverain pontife. 

Il ressort des propos du Président que celui-ci et le Pape ont parlé de l’actualité internationale, de la guerre en Syrie, du chaos en Centrafrique, de la mondialisation avec « ses excès et ses abus », ainsi que de l’écologie et de la protection de l’environnement. Et François Hollande de conclure à une parfaite harmonie entre les points de vue et les positions des diplomaties française et vaticane.

S’agissant de la situation en France, dont chacun sait qu’elle ne présente guère d’aspects dont l’Eglise puisse se réjouir, le Président aurait fait un petit cours au Pape sur la laïcité à la française (au cas où le Souverain Pontife ne serait pas au courant de cette bizarrerie nationale, d'autant plus difficile, il est vrai, à décrypter, qu'elle est à géométrie variable) :

« J’ai rappelé que la laïcité de la République française garantit le respect de toutes les convictions et permet de vivre ensemble, avec les mêmes règles, avec les mêmes principes, qui valent pour tous les citoyens, et pour ceux qui résident dans notre pays.
Et que la laïcité permet le débat avec tous les cultes, et avec l’Eglise catholique en particulier, dans le cadre d’une instance de dialogue qui se réunit annuellement, bientôt au printemps, qui est présidée par le Premier ministre, et qui aborde tous les sujets, y compris les plus graves, les plus lourds, qui intéressent toute notre société. Et ce débat avec l’Eglise catholique est possible, dans le plein respect de nos principes laïcs. »

Puis le chef de l'Etat aurait confié au Pape sa « détermination » face aux « actes antireligieux qui peuvent être commis…notamment …dans un lieu de culte » – non sans ajouter aussitôt : « ça vaut pour toutes les religions ».

Si l’on compare cette déclaration avec le bref communiqué publié de son côté par le Vatican, on retrouve certes de nombreux éléments cités par le président de la République. Il y manque cependant…l’essentiel de ce qui fait la pomme de discorde entre la majorité au pouvoir en France et l’Eglise, comme l’a relevé aussitôt Europe 1. Et c’est précisément par cet essentiel puisqu'il touche le « bien commun »  et « la défense et à la promotion de la dignité de la personne humaine » que débute le communiqué du Saint-Siège : à savoir la famille, la bioéthique, le respect des communautés religieuses.

 Voici ce communiqué du bureau de presse du Saint-Siège :  

« Au cours des entretiens cordiaux, la contribution de la religion au bien commun a été évoquée. Rappelant les bonnes relations qui existent entre la France et le Saint-Siège, a été réaffirmé l’engagement mutuel à maintenir un dialogue régulier entre l’État et l’Église catholique et à coopérer de manière constructive dans les questions d’intérêt commun. Dans le contexte de la défense et de la promotion de la dignité de la personne humaine, quelques arguments d’actualité ont été examinés, comme la famille, la bioéthique, le respect des communautés religieuses et la protection des lieux de culte.

La conversation s’est poursuivie sur des thèmes à caractère international, comme la pauvreté et le développement, les migrations et l’environnement. Elle s’est étendue, en particulier, sur les conflits au Moyen-Orient et dans quelques régions de l’Afrique, en souhaitant que dans les différents pays concernés la coexistence sociale pacifique puisse être rétablie à travers le dialogue et la participation de toutes les composantes de la société, dans le respect des droits de tous, spécialement des minorités ethniques et religieuses. »

On peut donc en conclure qu'il a bien été question en premier lieu du "mariage pour tous", de l'avortement et de l'euthanasie, sujets que le président de la République n'a pas jugé opportun de mentionner devant la presse dans son intervention prolixe devant les caméras au sortir de ce court mais dense entretien. Quant à la "cordialité" mentionnée par le communiqué du Saint-Siège, elle n'est pas contradictoire avec l'exceptionnelle gravité avec laquelle le chef de l'Eglise a accueilli son hôte. Tous les observateurs ont remarqué ce visage sombre et douloureux auquel le pape François ne nous avait guère habitués.

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