Alors que l’Académie Royale de médecine crée la surprise en apportant son soutien au projet, les évêques approfondissent les enjeux sous-jacents de la loi qui sera probablement votée la semaine prochaine
24/01/2014
L’Académie royale de médecine vient d’apporter « un soutien global » surprenant à la proposition de loi discutée actuellement à la Chambre sur l’élargissement de l’euthanasie aux enfants et jeunes mineurs, elle qui avait pourtant exprimé des réserves importantes lors de l’adoption du texte principal en 2002 (lesoir.be). Mais les évêques belges se demandent pourquoi légiférer en une matière aussi délicate, quand on sait qu’aux Pays-Bas une pareille loi existe depuis 2006, mais n’a pratiquement jamais été appliquée.
Cette question les a poussés à creuser les enjeux sous-jacents à cette initiative et à les partager largement : Ils en comptent 5 dont le premier est « l’interdiction de tuer », qui est à la base de notre société et le dernier, mais pas des moindres, celui de la spiritualité, les évêques rappelant que, dans la question de l’euthanasie, c’est tout le sens de la vie qui est en jeu.
Voici ces cinq enjeux déclinés sur le site InfoCatho.be que nous résumons ci-dessous sous forme de mises en garde et d’interpellations :
1 – En ouvrant la porte à l’euthanasie des mineurs, on court le danger de « (…) l’étendre aux handicapés, aux personnes démentes, aux malades mentaux, et même à ceux qui sont fatigués de vivre (…) de changer le sens de la vie humaine et d’accorder la valeur d’humanité seulement à ceux qui sont capables de reconnaître la dignité de leur propre vie. On introduit donc le doute sur la valeur de certaines vies humaines ».
2 – En changeant la pratique médicale on court le danger de : « (…) passer du tout au rien (…) de s’orienter tout de suite vers l’euthanasie (…) d’oublier le rôle de la sédation, qui apaise la douleur, et l’importance des soins palliatifs, qui préparent sereinement à la mort (…) ».
Et pour ce qui est de la mort et de la souffrance, l’euthanasie ouvre toute une série de questions :
3 – Pour la mort : « Comment la préparer et ne pas l’ignorer ? Avec qui en parler, quelles dispositions prendre, comment être entouré ? Comment éviter de faire de la mort un moment tabou ? Comment mourir dans la dignité, en respectant la valeur de la vie humaine ? »
4 – Pour la souffrance, sachant que 70% des Belges se disent favorables à une mort douce : « (…) quand celle-ci est malgré tout présente, chez le malade, comme chez les proches, ou parmi le personnel médical, comment peut-on l’assumer? Comment être préparés à l’affronter comme une épreuve qu’on peut partager et vivre ensemble? Comment nous soutenir mutuellement … ? »
5- Même interpellation au plan spirituel, le dernier enjeu: « (…) Comment l’expérience chrétienne nous aide-t-elle à affronter la mort et la souffrance? (…)Comment le mystère pascal inspire-t-il notre vie et éclaire-t-il toute vie humaine? Comment les institutions chrétiennes peuvent-elles proposer une attitude éthique par rapport à ces défis? ».
En décembre dernier, dans une déclaration commune, Catholiques, protestants, anglicans juifs, musulmans, avaient mis le doigt sur ce risque de « banalisation de la pratique euthanasique », dénonçant son risque d’extension aux personnes fragiles, enfants ou personnes démentes, et réaffirmant sa contradiction totale avec les principes premiers de la morale et du code médical. (Aleteia)
Le texte de loi sur l’élargissement de l’euthanasie aux enfants et jeunes mineurs risque d'être voté dès la semaine prochaine.