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Mexique : menacé de mort, un curé célèbre la Messe avec un gilet pare-balles

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Jaime Septién - publié le 22/01/14
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Dans l’Etat du Michoacan, un cartel qui se surnomme les “Chevaliers Templiers” menace d’incendier la cathédrale.Le gouvernement fédéral mexicain a récemment lancé l’offensive dans plus de 20 municipalités de l’Etat du Michoacan et l’armée semble avoir pris le contrôle de la situation. Mais des milices d’auto-défense patrouillent encore aux abords de localités comme Apatzingan, où une bande de la criminalité organisée locale, les « Chevaliers Templiers » comme ils se font appeler, menacent d’incendier la cathédrale.

Agir au plus vite

Le vicaire général du diocèse d’Apatzingan, le Père Javier Cortés, a demandé au gouvernement fédéral, à l’armée, la marine, et à la police fédérale, d’« agir à la fois vite et avec beaucoup de tact et de prudence, pour le bien de la population civile » du fait de la menace de ces prétendus « Templiers » d’incendier la cathédrale.

 « La criminalité organisée, par ses agressions, tente d’exacerber le climat de peur qui règne parmi la population. Aussi faut-il une intervention rapide et efficace des forces de l’ordre », a insisté le père Cortés. La stratégie élaborée par le gouvernement fédéral est de prendre la région connue comme la « Tierra Caliente », ( ‘Terre chaude’), où se trouve la localité d’Apatzingan, de désarmer les groupes d’autodéfense et communautaires et de poursuivre les « Chevaliers Templiers », une bande de narcotrafiquants, d’escrocs et de racketteurs, de kidnappeurs et d’assassins, qui règnent depuis plusieurs années sur la Tierra Caliente, sans que les gouvernements centraux et fédéraux aient jusqu’ici remué le petit doigt.

Selon le père Cortés, le clergé catholique a le sentiment « qu’il y a un grand vide, un énorme creux, faute d’une présence appropriée des gouvernements de l’Etat et fédéraux, qui ne remplissent pas leur devoir de veiller sur le peuple, et n’ont pas su faire face à la situation ».  Selon le Père Cortés , les fidèles affluent toujours avec ferveur à l’église : « Les gens sortent de chez eux avec beaucoup de précaution. Mais, loin de diminuer, l’assistance ne cesse d’augmenter, parce que nous prenons conscience de la puissance de la prière. Une très grande puissance, et vu la participation accrue aux célébrations liturgiques, les gens en ont besoin ».

Le Père Cortés ajoute :  « Ce serait une erreur de la part du gouvernement fédéral de demander aux groupes d’autodéfense de déposer les armes, sans garantir auparavant les conditions de sécurité au sein des populations du Michoacan. Mais cela ne signifie absolument pas que nous soutenons les milices d’autodéfense ; nous désapprouvons quiconque utilise des armes ».

Le curé au gilet pare-balles

Le père Gregorio López de Apatzingán Michoacán, curé de Notre Dame de l’Assomption, est devenu un symbole de la participation de l’Eglise aux côtés des habitants et des groupes d’autodéfense de Tierra Caliente. Agé de 46 ans, originaire de la ville d’Apatzingan, le Père “Goyo” dénonce depuis dix ans la décomposition de la région de « Tierra Caliente ».  Il sait bien qu'il risque la mort.  Mais « mourir pour une cause comme la liberté de mon peuple, cela vaut la peine », a-t- il récemment déclaré dans une interview accordée au journal El Universal.

 
Les "Chevaliers Templiers" ont dévasté la zone et terrorisé les agriculteurs, les éleveurs et les commerçants de Tierra Caliente, dans le Michoacan.  « Parce que cette région est le bastion de divers cartels de drogue.  Parce qu’il y a beaucoup d’agriculture.  Grâce à l’avocat, nous sommes sur le marché mondial, ce qui signifie de fortes rentrées de devises.  Les narcotrafiquants ont été soutenus par les gouvernements d’Etat”, dénonce dans cette même interview, le père “Goyo” qui, depuis octobre 2014, chaque fois qu’il revêt les habits liturgiques pour célébrer la messe, enfile un gilet pare-balles sous sa soutane.


Le Père « Goyo » s’est dit favorable au désarmement des groupes d’autodéfense et communautaires quand auront disparu les “Templiers”.  Dans la même interview improvisée, le père “Goyo” a assuré que les communautaires sont des « seigneurs » : «  je les connais, ce sont des gens du ranch, des coupeurs de citrons. Ils ne font pas partie d’un cartel, c’est un mensonge des Templiers. Les communautaires sont des gens qui travaillent, qui ne connaissent pas les lois ; tout ce qu’ils savent, c’est que ce gang criminel a violé leurs femmes, a kidnappé leurs parents, et les a volés. Que le gouvernement respecte ce que le peuple aura décidé »

Interrogé sur son leadership, s'il pourrait être un leader de la lutte du peuple Apatzingan et de la Tierra Caliente contre les narcotrafiquants, le Père "Goyo" a reconnu que son rôle “, ce ne sont pas les armes, mais la conscience ; l’arme la plus puissante que nous possédons est la vérité, la conscience, la justice. Mon rôle est de faire que les gens prennent conscience qu'ils sont violés, souillés, bafoués. »

Traduit de l'édition espagnole de Aleteia par Elisabeth de Lavigne.


 

 

 

 

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