Une semaine avant la conférence de paix Genève II sur la Syrie, le cardinal Tauran révèle les résultats de la rencontre du 13 janvier au Vatican et confie ses espoirs.
15/01/2014
Cesser immédiatement les violences, entamer la reconstruction du pays, et amorcer le dialogue entre les différentes communautés : voici les trois actions clefs vivement souhaitées par le Saint-Siège, pour aboutir à un retour à la paix en Syrie.
Diplomates et experts internationaux, dont l’ex-premier ministre britannique Tony Blair, l’ex-vice-président égyptien Mohamed El Baradei, des représentants de l’Eglise qui travaillent sur place comme Mgr Audo d’Alep, et le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, intervenus à la rencontre du Vatican sur la Syrie, le 13 janvier dernier, sont unanimes : les divisions de la région sont à l’origine du conflit syrien, il faut donc que tous ses acteurs soient actifs pour y mettre un terme.
La rencontre était à huis clos, organisée par l’Académie pontificale des sciences, sur le thème « Pouvons-nous restez indifférents ? ». (Aleteia).
C’était une semaine avant la conférence de paix sur la Syrie, Genève II, prévue de s’ouvrir le 22 janvier à Montreux, en Suisse. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, la présente comme « une occasion unique de mettre fin à la violence en Syrie et d’assurer le rétablissement de la paix en répondant aux attentes des Syriens ».
« Le monde attend quelque chose de très positif de Genève II, et des pas vraiment significatifs vers la paix », « , il faut donc que « tous les acteurs de région y participent … y compris l’Iran car, après l’accord qui vient de passer sur la question nucléaire, c’est un pas très positif et on espère que cela soit contagieux », déclare le cardinal Tauran sur les ondes de Radio Vatican.
Genève II est entrée dans sa dernière ligne droite : les délégations des cinq Etats membres permanents de l'Onu (Royaume-Uni, Chine, Russie, USA, France) devraient être toutes présentes à la conférence, ainsi que celles de l'Algérie, du Brésil, de l'Allemagne, du Danemark, de l'Egypte, de l'Inde, de l'Indonésie, de la Jordanie, de l'Irak, de l'Espagne, de l'Italie, du Canada, du Qatar, du Koweït, du Liban, du Maroc, de la Norvège, des Emirats arabes unis, d'Oman, de l'Arabie saoudite, de la Turquie, de la Suède, de la Suisse, de l'Afrique du Sud et du Japon.
De plus, précise un porte-parole de l’ONU, trois organisations internationales seront représentées au forum : l'Union européenne, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique.
En revanche l'Iran ne figure toujours pas dans la liste des participants bien que sa candidature soit soutenue par la Russie et l'Onu. Côté américain, des conditions sont posées : que Téhéran reconnaisse publiquement le communiqué de la conférence Genève 1 du 30 juin 2012 ; qu’elle exprime son soutien au gouvernement de transition syrien, dont le président actuel Bachar al-Assad ne devrait pas faire partie ; enfin qu’elle appelle le gouvernement syrien à cesser les attaques contre la population civile.
Entre temps, l'opposition syrienne qui devrait s’asseoir à la table des négociations avec les représentants du gouvernement syrien n'a pas encore présenté la composition de sa délégation. Elle a même reporté l'examen de la question au 17 janvier. (Ria Novosti)
Face à toute cette mise en marche, comment le Saint-Siège entend-il peser sur les discussions du forum ?
« C’est le pape François qui décidera ! », répond le cardinal Tauran à Radio Vatican, en tenant compte des résultats de la conférence entre les experts et le Vatican. Il pense qu’il y aura une démarche du Saint-Siège mais ignore encore laquelle. Son seul sentiment pour l’heure : « Genève II est vraiment très important : ou l’on progresse, ou ce sera catastrophique ! ».
Au lendemain de la rencontre du 13 janvier, John Kerry, le secrétaire d’État américain a été reçu par Mgr Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat et Mgr Dominique Mamberti, secrétaire du Saint-Siège pour les rapports avec les États, signe que « la voix du Saint-Siège est véritablement entendue par les leaders mondiaux », confirme le cardinal Tauran.
Il explique : « Je crois que le Saint-Siège est une puissance morale … Il y a toute une histoire diplomatique qui pèse évidemment. Et en général, on écoute. D’ailleurs, la grande popularité du Pape François fait que les leaders politiques sont toujours curieux, un peu admiratifs de cette popularité. C’est impressionnant ! ».
Néanmoins si cette voix est entendue, ce n’est pas toujours suivie d’effets : le cardinal Tauran regrette que celle de Pie XII lancée en août 1939, à la vieille de la seconde guerre mondiale – « le danger est imminent mais il est encore temps. Rien n’est perdu avec la paix, tout peut l’être avec la guerre » – ne l’est pas été : « Si on l’avait écouté, on aurait évité des millions de morts ! ».