Le Père Henri De la Kethule presse les autorités d’intervenir : depuis 9 mois, des trafiquants enlèvent des enfants pour les vendre après avoir prétendu les emmener à l’orphelinat du jésuite.
10/01/2013
Le Père Henri De la Kethule, membre de la Compagnie de Jésus, dénonce un « gigantesque » trafic d’enfants organisé depuis 9 mois entre Kikwit, dans le Bandundu, et Kinshasa.
Selon lui, les auteurs de ce trafic – « bien connus », affirme-t-il – persuadent les parents de ces enfants de les leur confier, prétextant les conduire dans un orphelinat créé par le père Henri, avant de les vendre aux plus offrants.
Radio Okapi rapporte les accusations du père jésuite: « Ces gens font valoir que ces enfants qui partent à Kinshasa vont être dans des conditions extraordinaires. On prend deux enfants à la fois pour que ces enfants, qu’on enlève à leurs familles, ne se sentent pas tout à coup perdus. Ils seront ensemble. Et on dit par exemple que le père Henri de Kethule, qu’on sait très bien être à Kinshasa, a ouvert un orphelinat et qu’il va payer les frais scolaires ».
Selon le père Henri, ces trafiquants profitent de sa notoriété à Kikwit, où il a longtemps œuvré, pour obtenir la confiance de ces familles. Il appelle donc l’agence nationale des renseignements (ANR) ainsi que les autorités compétentes à ouvrir une enquête sur cette affaire, afin non seulement de mettre fin à ce trafic, mais surtout de protéger les enfants.
Qu’il y ait un fort trafic d’êtres humain en RDC, à l’intérieur du pays mais également vers l’extérieur, plusieurs ONG ne cesse d’en faire état depuis quelques mois, demandant aux autorités de s’impliquer davantage contre toutes les formes d’esclavage.
Selon le Forum international des femmes de l’espace francophone (Fifef), il y aurait aussi un réseau de trafic de jeunes filles entre la RDC et le Liban, recrutées à Kinshasa par une agence sous prétexte de leur offrir un travail décent. Début décembre elles étaient près de 400 congolaises vivant encore au Liban dans des conditions inhumaines, rapporte la radio des Nations unies en République démocratique du Congo.
En décembre, une délégation de l’ONG américaine, Free the Slaves s’est rendu en mission à Kinshasa. Pendant une semaine, ses membres ont rencontré les autorités politiques, les députés nationaux, des ONG de droits humains et des membres du corps diplomatique, afin de solliciter leur implication dans l’éradication de ces phénomènes.
Selon le directeur national de Free the Slaves en RDC, Jacques Kahora, il a fallu leur expliquer que l’esclavage existe dans l’ombre et les encourager à le mettre au grand jour.
Selon l’ONG américaine, six formes d’esclavages ont cours en RDC : l’exploitation de paysans par un propriétaire terrien, l’esclavage pour dette, la prostitution forcée et l’esclavage sexuel, les pires formes de travail de l’enfant ainsi que le mariage forcé.