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Voyance : pourquoi certains catholiques succombent à cette tentation

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Benjamin Coste - Famille Chrétienne - publié le 31/12/13
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Trois millions de Français auraient chaque année recours aux voyants et médiums pour connaître l’avenir. Parmi eux, des catholiques, malgré les mises en garde de l’Église. Pourquoi sont-ils tentés ? Famille Chrétienne a enquêté.Cet article de Benjamin Coste  a été publié par l'hebdomadaire Famille Chrétienne sous le titre "Ces catholiques tentés par la voyance" *

 
Un forum chrétien comme la Toile en compte de nombreux. L’un des sujets de discussion est consacré à la pratique de la voyance. Une femme fait part de son désir de recourir à un médium : « J'étais sceptique mais depuis qu’une amie m'a raconté qu’un voyant lui avait prédit des choses qui se sont produites, je suis fortement tentée de consulter ».
 
Deux pages plus loin, un autre témoignage : « Je suis catholique et je ne peux pas concevoir ma vie sans le Christ. J'ai eu il y a quelque temps des déboires sentimentaux qui m'ont mise vraiment très mal. Une amie m’a convaincue d'aller consulter un de ses amis voyant dont les révélations se sont avérées. J’ai été happée et depuis j’enchaîne les consultations. »
 
Deux témoignages qui prouvent que les catholiques ne sont pas immunisés contre la tentation de connaître leur avenir. Et ce, malgré les mises en garde de l’Écriture sur le sujet : « Car ces nations que tu chasseras écoutent les astrologues et les devins ; mais à toi, l'Éternel, ton Dieu, ne le permet pas » (Deutéronome 18, 14).
 
Un sujet fréquemment abordé dans les confessionnaux.
 
Parmi les 3 millions de Français qui auraient recours à la voyance chaque année, il y a donc des catholiques. Difficile de savoir dans quelle proportion, mais le phénomène n’est pas anecdotique et le sujet fait partie des thèmes récurrents abordés dans les confessionnaux.
 
Une réalité confirmée par le Père Hervé Soubias, recteur de la basilique Notre-Dame-des-Victoires (Paris 2e), l’un des hauts lieux de la confession dans la capitale. « L’avenir dépeint dans les médias est très anxiogène, explique-t-il. On entend que l’air sera bientôt irrespirable car l’homme l’aura définitivement pollué, qu’il n’y aura plus de poissons dans la mer car nous aurons tout mangé, sans parler de la crise économique qui menace les emplois… Mais c’est oublier que la force de la foi chrétienne est de croire que le temps appartient à Dieu. »
 
Des « régressions dans des vies antérieures » pour 60 euros
 
Il faut dire que la voyance et l’astrologie se sont banalisées. Dans le monde du bien-être et du développement personnel notamment, comme en témoigne Bérénice : « Récemment, à la fin de mon cours de yoga, mon professeur m’a proposé de faire mon thème astral ».
 
Par son omniprésence dans notre quotidien, Internet a aussi largement simplifié et démocratisé l’accès à la divination. Sur Google, plus de 15 millions de réponses font écho à une recherche concernant le mot « voyant ». Les pages personnelles de médiums autoproclamés proposent la réalisation de thèmes astraux, d’horoscope…
 
Durant ma dépression, alors que mon espérance en Dieu s’affaiblissait, j’ai connu une forte tentation pour la voyance.
 
Ainsi Chantal, installée en Ardèche, offre à ses clients des « régressions dans des vies antérieures » pour 60 euros les deux heures. Issue d’une famille « cartésienne et totalement athée », cette femme de 56 ans, qui déclare ne faire « partie d'aucun groupe spirituel, aucune congrégation ou école particulière », reçoit chez elle, à la différence de la flopée de voyants proposés par le site Avigora – « la voyance en toute confiance » (sic) – joignables uniquement par téléphone.
 
Quant à Jean-Loup, voyant et tarologue, coup de chance! Ses consultations sont « aujourd’hui seulement » en promotion : la demi-heure est à 55 euros au lieu de 90. Un prix pour lequel il promet de percevoir « grâce au son de notre voix, notre aura, le passé, le présent et le futur ». Du marketing de supermarché qui en dit long sur les objectifs commerciaux des sites dédiés à l’astrologie…
 
À l’origine de cette tentation, une blessure profonde
 
Qu’est-ce qui, malgré tout, entraîne alors des personnes ayant la foi à tomber dans ce piège ? Il y a souvent au départ une faille, une blessure qui pousse la personne à se tourner vers un médium : rupture sentimentale, incertitude professionnelle, deuil, maladie, etc. Mais aussi une fascination pour la possibilité de connaître son avenir : « Durant ma dépression, alors que mon espérance en Dieu s’affaiblissait, j’ai connu une forte tentation pour la voyance », explique Matthieu, cadre dans l’administration.
 
« Je ne sais pas ce que demain sera, je prie Dieu pour qu'Il me guide et ne m'abandonne pas, mais je me vois un avenir sombre, confie pour sa part Alléluia, sur le site cite-catholique.org. J'ai besoin d'être rassuré concrètement parce que je ne sais pas où je vais professionnellement, sentimentalement et spirituellement. »
 
Pour le Père Joseph-Marie Verlinde, prêtre du diocèse de Montpellier et fondateur de la Famille de Saint-Joseph, la tentation de la voyance ne vient pas par hasard. Elle germe dans un terreau appauvri : un manque de prière personnelle régulière, et une confiance en l’avenir et en Dieu qui s’étiole.
 
En consultant un voyant, les personnes angoissées par l’avenir apportent une mauvaise réponse à une bonne question : comment envisager le futur alors qu’il ne m’appartient pas ?
 
Pour ce prêtre qui a longtemps côtoyé le monde de l’ésotérisme, les chrétiens sont également séduits « parce que, comme les autres, ils ont peur de l’avenir alors qu’ils devraient habiter leur quotidien à la lumière de la vertu d’espérance. Si ce n’est pas la Parole qui éclaire nos pas et nourrit notre espérance durant notre pèlerinage terrestre, nous risquons ainsi d’être tentés tout comme nos contemporains ».
 
« En consultant un voyant, souligne le Père Soubias, les personnes angoissées par l’avenir apportent une mauvaise réponse à une bonne question : comment envisager le futur alors qu’il ne m’appartient pas ? » Face à la peur du lendemain manifestée par la consultation d’un voyant, le prêtre se veut rassurant et apaisant : « L’erreur serait de culpabiliser ces personnes. D’autant plus que, la plupart du temps, elles n’ont qu’une vague conscience que leur démarche est mauvaise ».
 
Les catholiques ne sont pas, peu ou mal (in)formés concernant le recours à la voyance. D’où la question de la « forumeuse » Alléluia : « Pourquoi dit-on que la voyance vient de Satan ? Pour le spiritisme, je suis d'accord, il faut laisser les défunts reposer, ne pas chercher à entrer en contact. Mais pour ce qui est de la consultation d'une voyante pour se rassurer, pourquoi est-ce que je désobéirais à Dieu si j'allais consulter ? »
 
Certains voyants jouent, consciemment ou non, de cette confusion et affirment parfois tenir leurs informations directement de la part de la Sainte Vierge, du Curé d’Ars, ou agissent sans contrepartie financière « au nom de leur foi en Jésus ». Dans certaines cultures pourtant profondément attachées au christianisme comme en Afrique ou dans les Antilles, le recours à la voyance est même très ancré dans les pratiques.
 
« Une dépendance psychologique croissante »
 
Cette confusion s’exprime jusque sur les rayons des librairies religieuses. En effet, La Procure, fréquentée par nombre de catholiques, propose à la vente pléthore d’ouvrages sur les méthodes pour développer ses dons de voyance…
 
Alors, dès qu’il le peut, le Père Soubias fait de la formation : « Pendant le Carême, lorsque sont appelés les catéchumènes adultes, la liturgie de l’Église leur demande explicitement de renoncer à la voyance, aux sorciers… Lorsque je prononce ces mots, je sens dans l’assistance une écoute particulière ».
 
Les paroles des voyants fonctionnent comme des injonctions auxquelles je me soumets, souvent sans même m’en rendre compte.
 
Car les dangers de cette pratique sont bien réels : outre un coût qui peut rapidement s’avérer astronomique, recourir à la voyance conduit dans une spirale dangereuse, un chemin sans autre issue que l’anxiété et la tristesse. La plupart des personnes l’ayant pratiqué disent en effet avoir ressenti, au fur et à mesure des consultations, combien leur liberté de choix et de conscience s’était peu à peu altérée : « Les voyants savent très bien où appuyer pour créer une dépendance psychologique croissante », témoigne ainsi une ancienne « cliente ».
 
Selon le Père Verlinde, la personne qui est tentée par les arts divinatoires s’expose à trois types de dangers :

« Le premier est une déresponsabilisation : je ne décide plus de l’orientation de ma vie, mais je me laisse mener par ce que d’autres ont cru “voir” pour moi.

Le second est plus subtil : je deviens l’exécutant de ce qui m’a été annoncé. Les paroles des voyants fonctionnent en effet comme des injonctions auxquelles je me soumets, souvent sans même m’en rendre compte. » Pour le prêtre, les prédictions posées sur la vie du « client » se réalisent parce qu’inconsciemment celui-ci se programme pour les mettre en œuvre.
 
Enfin, le troisième danger est d’ordre « préternaturel » (c'est-à-dire échappant aux lois de la nature) : « Si le voyant consulté est un véritable occultiste, je m’ouvre implicitement à l’action d’“esprits” peu recommandables, dont l’action peut se faire ressentir par la suite sous forme de problèmes physiques, psychiques ou spirituels ».
 
Les raisons de s’abstenir sont donc nombreuses. Et pas besoin désormais d’être devin pour le comprendre !
 
Benjamin Coste
 
 
Les chiffres 2013 de la voyance en France
 
3 millions de Français ont recours à la voyance
100 000 voyants
3 milliards d’euros de chiffre d’affaires
De 60 à 300 euros pour une consultation
 

*Cet article est extrait du dossier de Famille Chrétienne : Peut-on prédire l’avenir ?

 En France, la voyance ne connaît pas la crise. Portée par Internet, l’offre s’est multipliée et conquiert un public conséquent d’hommes et de femmes, préoccupés par leur avenir. Parmi eux, les chrétiens aussi peuvent être tentés de s’en remettre aux flashs de Madame Irma plus qu’à Dieu lui-même. Il est donc bon de rappeler les mises en garde de l’Écriture. Car la force de la foi chrétienne est de croire que le temps appartient à Dieu et qu’il est un Père pour chacun de ses enfants.

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