Ayant su lui-même renoncer à la violence, il la subit et trouva la force de pardonner, montrant au monde entier ce qu’était la véritable intelligence politique.
(légende photo : Mandela avec son ami, l’archevêque anglican Desmond Tutu.)
La vie de Nelson Mandela relève de l’épopée, à une époque où de grands changements sont survenus, comme la fin du communisme et la chute du mur de Berlin. Je retiens de lui la cohérence entre les paroles et les actions, l’élégance tranquille de son âme, la persévérance dans le combat pour une cause noble et juste. De la trempe des prophètes bibliques, il a surtout été un homme de foi, d’espérance et d’amour.
Mandela a cru qu’il pouvait vaincre le régime de l’apartheid par sa puissance intérieure, un peu comme l’a fait Gandhi pour l’Inde. Il a puisé son énergie dans ses convictions les plus profondes, en fidélité à ce que lui dictait sa conscience. Comme Soljenitsyne, il a peu parlé de sa foi chrétienne, jugeant que c’était d’ordre personnel. Il a espéré toute sa vie que son peuple verrait la lumière de la liberté, même quand il a été condamné à la prison à vie en 1964. Son témoignage d’espérance va inspirer ses compagnons de captivité et canaliser la mobilisation contre l’apartheid, jusqu’à sa libération en 1990. Il a beaucoup aimé, sans renier ses idéaux de justice et de vérité. Il a pardonné à ses ennemis, tendu la main aux grands et aux petits de ce monde.
Cet homme libre, intègre, prix Nobel de la paix, a vaincu les préjugés du racisme et redonné confiance à son peuple. À son discours d’intronisation à la présidence de son pays en 1994, il déclarait : « La grandeur n’est pas l’apanage de quelques élus; elle se trouve en chacun de nous. Lorsque nous laissons notre âme répandre sa lumière, nous permettons inconsciemment aux autres de révéler la leur. Lorsque nous nous affranchissons de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. »
Certes, il y a encore beaucoup de pas à faire sur les chemins de la confiance, de la non-violence et de la réconciliation, mais celui qu’on a surnommé le père de la nation sud-africaine a insufflé un supplément d’âme et de bonté qui a changé le rythme de l’histoire. Plusieurs se sont reconnus en lui. Il demeure une conscience pour l’Afrique entière, une inspiration pour le monde. Qu’il repose en paix ! Cette paix qu’il a tant souhaité pour lui-même, sa famille, son pays, l’univers.
[Note de l’éditeur : il y a aussi des zones d’ombre dans la vie et dans l’action de Nelson Mandela dont nous ferons état dans un prochain article.]