La mort du refondateur de la République d’Afrique du Sud est l’occasion d’un rare moment d’unanimité mondiale.
06/12/2013
(avec mise à jour)
« Notre bien aimé Nelson Mandela, le fondateur de notre nation démocratique, est parti… Notre Nation a perdu son fils le plus grand », a annoncé jeudi 5 décembre vers 23h00 le président sud-africain Jacob Zuma à la télévision publique SABC.
Le symbole de la lutte anti-apartheid est décédé à l’âge de 95 ans. Il était rentré chez lui après plusieurs mois de maladie, et une hospitalisation l’été dernier.
Le président sud-africain a donné l'ordre que tous les drapeaux de la République d'Afrique du Sud soient mis en berne dès ce vendredi 6 décembre et le reste jusqu'aux funérailles qui seront nationales. La France et les Etats-Unis ont également mis en berne pour une journée de deuil.
Les réactions à sa mort se multiplient :
Celle tout d’abord de l’archevêque anglican Desmond Tutu, 82 ans, un autre héros de la lutte anti-partheid : « … Madiba (le nom d’affection donné à Mandela) nous a appris comment vivre ensemble et croire en nous-mêmes et en chacun », a-t-il déclaré.
« Une grande lumière s'est éteinte », a réagi pour sa part le Premier ministre britannique David Cameron.
Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a salué en lui un homme « courageux, profondément bon » qui, « grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, a transformé l'Afrique du Sud et nous a tous émus ».
A 2h40 du matin, le Conseil de sécurité a dit sa « profonde admiration » et exprimé sa « solidarité avec le peuple sud-africain en ces temps de peine ».
Nelson Mandela, lit-on dans la déclaration du conseil, « restera à tout jamais dans les mémoires comme une personne qui a sacrifié une grande partie de sa vie (…) pour que des millions d'autres puissent avoir un avenir meilleur ».
Quant au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, il a salué « une source d'inspiration » pour le monde entier.
En France, le président François Hollande, a salué en Nelson Mandela « l'incarnation de la Nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l'Afrique » qui « Jusqu’au bout de sa vie, aura servi la paix ».
Ajoutant: « Le message de Nelson Mandela ne disparaîtra pas, il continuera d’inspirer les combattants de la liberté et de donner confiance aux peuples dans la défense des causes justes et des droits universels » (Lire communiqué -à retenir par ceux qui combattent en France pour d’autres causes justes et des droits universels tels que le droit à la vie et à la liberté de conscience)
Au Vatican, le pape François a rendu un vibrant hommage à l'ancien président Nelson Mandela affirmant qu'il avait « forgé une nouvelle Afrique du Sud », rapporte Vatican.va :
Dans un télégramme au président sud-africain Jacob Zuma, le Pape « salue l'engagement constant montré par Nelson Mandela pour promouvoir la dignité humaine de tous les citoyens de la nation et forger une nouvelle Afrique du Sud basée sur les fermes fondations de la non-violence, de la réconciliation et de la vérité ».
« Je prie, conclut le Pape François, pour que l’exemple du défunt président puisse inspirer des générations de Sud-Africains à placer la justice et le bien commun en tête de leurs aspirations politiques ».
Dans un message à la famille de Tata Mandela, les évêques sud-africains disent toute leur gratitude de l’Eglise catholique à l’égard de celui qui « par son sacrifice offert à tous les peuples d'Afrique du sud … a guidé le pays sur la voie de la réconciliation ».
« Rendons-lui honneur en luttant pour les idéaux qu’il a caressés : la liberté, l’égalité et la démocratie, et en les défendant contre ceux qui tentent de les corrompre », écrit Mgr Stephen Brislin, Archevêque du Cap et Président de la Conférence épiscopale sud-africaine (SACBC), au nom de tous les évêques.
Le Prix Nobel de la paix, l’homme qui a fait tomber l'apartheid a été président de 1994 à 1999, après avoir fait 27 ans de prison et de travaux forcés, rappelle l’Agence Zenit. Il avait été libéré le 11 février 1990. Il avait accueilli Jean-Paul II en Afrique du Sud le 16 septembre 1995. Mandela avait assisté à la messe à "Gosforth Park" de Germiston. Mandela s'était lui-même rendu au Vatican le 18 juin 1998.
« Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres », disait Nelson Mandela (in Un long chemin vers la liberté, Nelson Mandela, éd. Fayard, 1995, p. 645). Il avait mis sa liberté au service de celle des autres ».
« Des personnalités comme celle-là, il y en a une par siècle », déclarait Emmanuel Lafont, l’évêque de Cayenne, sur La Vie, en juin dernier.
Ancien curé de Soweto, Mgr Laffont, a bien connu Nelson Mandela. Dans cet entretien il dresse le portrait d'un homme exceptionnel très attaché à la démocratie et à la réconciliation des Sud-Africains : http://www.lavie.fr/actualite/monde/des-personnalites-comme-celle-la-il-y-en-a-une-par-siecle-10-06-2013-41274_5.php
Sources : Le Parisien – Le Figaro – Vatican.va- Zenit – La Vie – News.va – Fides
[NB: il y a aussi des zones d'ombre dans la vie et dans l'action de Nelson Mandela dont nous ferons état dans un prochain article.]