Le pape François a annoncé son intention de trouver “un nouvel équilibre” sur la pastorale des divorcés-remariés. Qu’attendre à ce propos du prochain Synode sur la famille ? Réponse de son secrétaire général.
03/12/2013
Face au clergé de Rome le 16 septembre dernier, le Saint-Père avait indiqué que la question épineuse du mariage suivi d’une nouvelle union serait traitée lors du Synode prévu du 5 au 19 octobre 2014, sur le thème des «défis pastoraux de la famille», ainsi qu’au Synode de 2015 qui reprendra le même thème.
En continuité avec son prédécesseur Benoît XVI et en phase avec de nombreuses personnes au sein de l’Église qui souhaitent voir la règle à l’égard des divorcés remariés s’assouplir, François, dans une interview accordée aux revues jésuites, a déclaré vouloir « trouver un nouvel équilibre». «Autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile», a-t-il prévenu.
Mais à quoi s’ attendre, concrètement, du prochain Synode sur les questions relatives aux divorcés remariés ? Quelle est la position du pape François ? Peut-on envisager un assouplissement de la règle interdisant la communion ? À cet égard, l’archevêque Lorenzo Baldisseri, nouveau secrétaire général du synode des évêques, a fourni quelques précisions à Andrea Tornielli, journaliste à la Stampa.
Voici des extraits de l’entretien, traduits par Aleteia :
Andrea Tornielli : Dans l’ « Evangelii gaudium », François ne cite pas explicitement le thème du sacrement des divorcés remariés. Il écrit toutefois que l’eucharistie « n’est pas une récompense pour les gens parfaits mais un remède généreux et un aliment pour les faibles ». Comment lire ces mots ?
Mgr Lorenzo Baldisseri : « La phrase suivante mérite également d’être soulignée : "Ces convictions ont aussi des conséquences pastorales que nous sommes appelés à considérer avec prudence et audaceʺ. Le Pape établit un lien entre ces deux éléments. Cela signifie qu’il souhaite que ces problématiques soient étudiées avec prudence et donc avec une particulière attention envers la doctrine. Mais avec audace également, ce qui équivaut pour moi à une ‘absence de peur’, en se penchant sur les situations concrètes des personnes. »
A.T.: Cela va-t-il changer quelque chose ?
L.B. : « Le magistère n’est pas figé, il est l’accompagnement de la doctrine avec le peuple. Un approfondissement continu doit se faire, et il y a diverses applications selon les cas. L’Église doit savoir déterminer l’application de la doctrine selon le cas concret des personnes. Cette approche ne doit pas nous faire d’emblée tirer des conclusions générales, de normes s’appliquant à tous. Nous devons partir de cas concrets. Et l’on peut tout autant développer une manière nouvelle de pouvoir considérer la doctrine. En somme, même pour les déclarations de nullité des mariages, nous intervenons au cas par cas. C’est cela la pastorale, elle ne suit pas un schéma rigide ».
A.T. : Est-il pour autant correct d’en déduire que la discussion sur les sacrements aux divorcés remariés est ouverte ?
L. B : « Si elle a été insérée dans la liste du Questionnaire, cela veut dire que l’on a l’intention de la traiter. Et nous voulons le faire sans tabous, sans quoi nous ne l’aurions pas mentionné. Ce point m’apparaît évident. »
A.T. : Pouvez-vous expliquer la nouveauté qu’apportera ce Synode réparti en deux temps, avec deux réunions sur le même thème, à un an d’écart ?
L.B. : « C’est une nouveauté qui répond à la nouvelle dynamique voulue par le Pape et celle-ci s’inspire en quelque sorte de la dynamique conciliaire. François veut un synode dynamique et permanent, pas en tant qu’organisme structuré, mais en tant qu’action, en tant qu’osmose entre le centre et la périphérie. Et il le veut ouvert à toutes les questions, pour recevoir les suggestions des Églises locales. Le
Conseil de secrétairerie, composé actuellement de 15 personnes, gagnera en importance, et cela implique que le Pape aura là aussi la possibilité de consulter un conseil permanent pour son gouvernement ».
Note : Le questionnaire dont il est fait mention se réfère aux 39 questions que le Vatican a adressé à tous les catholiques croyants, prêtres, laïcs, familles, quelles que soient leur situation.
Pour en savoir davantage, vous pouvez consulter les articles suivants sur Aleteia :
« Divorcés remariés : Y a-t-il une autre voie pour l’Église ? »
« Pourquoi les divorcés remariés n’ont-ils pas accès à la communion ? »
L’interview intégrale (en italien ou en anglais) de Mgr Lorenzo Baldisseri par Andrea Tornielli : Vatican Insider