L’appel pressant aux Nations Unies de l’archevêque de Bangui, Mgr Nzapailanga, et les détails terrifiants d’exactions, massacres et tortures contre les populations font craindre pire encore.
03/12/2013
« Faites vite à envoyer des forces de paix. Le coût du retard est incalculable » : Tel est l’appel lancé aux Nations unies par Mgr Dieudonné Nzapailanga, Archevêque de Bangui, capitale de la République centrafricaine, au bord d’une guerre civile généralisée.
Depuis la déposition du président François Bozizé par des rebelles de la coalition Séléka en mars 2013, la Centrafrique s’enfonce en effet de plus en plus dans le chaos, et un millier de soldats français a commencé à se déployer à Bangui, la capitale, pour tâcher d’appuyer les quelque 2.600 militaires de l’Union africaine déjà sur le terrain.
« Le pays est au bord du génocide », avait alerté Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française. "Aujourd'hui, c'est le désordre absolu. Vous avez sept chirurgiens pour cinq millions d'habitants, une mortalité infantile de 25% dans certains coins du pays, un million et demi de personnes qui n'ont rien, même pas à manger, des bandes armées, des bandits, etc. »
« Le terme de génocide est peut-être excessif mais il est vrai que la tension est tellement forte que l’on ne sait comment la situation pourra évoluer », commente aussitôt après à l’Agence Fides le Père Aurelio Gazzera, missionnaire carme qui œuvre à Bozoum.
Ce dernier confirme que « la tension est indubitablement très forte », en particulier dans la capitale, Bangui, où, depuis presque trois semaines, « des fusillades, des homicides et des affrontements en tout genre ont lieu chaque jour dans un quartier différent ».
La Séléka, à qui l’on attribue l’origine de tous les maux, s'est disloquée en une multitude de groupes armés qui sèment la terreur un peu partout dans le pays, principalement à l'encontre des chrétiens, et provoquent la création de milices d'auto-défense.
Le constat des organisations humanitaires est tout aussi inquiétant, rapporte InfoCatho.be. Selon leurs estimations, le conflit aurait fait plus de 460.000 déplacés, soit un dixième de la population. De leurs côtés, les groupes pour la défense des droits fondamentaux déplorent de nombreux cas de tortures, d’homicides et de saccage.
Fides annonce que « vu la gravité de la situation humanitaire », celle-ci sera au centre de la rencontre organisée le 4 décembre à Rome par la Caritas Internationalis et par les différentes Caritas œuvrant dans le pays.
De son côté Amnesty international presse d’agir avant que la situation n’explose :
« Si le Conseil de sécurité n'agit pas maintenant pour mettre un terme à ce cycle de violence terrifiant qui règne en République centrafricaine, la communauté internationale tout entière s'en ressentira sérieusement pendant de longues années », déclare Salil Shetty, secrétaire général du Mouvement pour le respect, la défense et la promotion des droits humains.