Le Père George Louis, Curé gréco-catholique de Saint-Michel de Qara, témoigne des exactions des djihadistes étrangers
29/11/2013
« Maalula, Sednaya, Sadad, puis Qara et Deir Atieh, maintenant Nebek. Les djihadistes armés appliquent un même modèle : ils prennent pour cible un village, l’envahissent, tuent, brûlent, portent la dévastation ».
En quelques mots le Père George Louis, curé gréco-catholique de Saint-Michel de Qara, résume la situation désespérée dans laquelle se trouvent les villages, chrétiens ou non, situés au nord de Damas dans le massif du Qalamoun. Ils sont pris pour cible par des groupes armés de djihadistes étrangers qui les ratissent actuellement, portant la mort et la destruction.
Interrogé par l’agence Fides, le père Georges Louis fait état d’une situation de plus en plus difficile pour les civils, les miliciens étrangers agissant désormais hors de tout contrôle des armées libre et régulière syriennes.
Dans son village, à Qara, raconte-t-il, jusqu’au 16 novembre, les habitants vivaient dans une situation de statu quo particulière, dans un régime de semi autonomie : Il n’y avait pas de conflit même si la petite ville se trouvait sous le contrôle des rebelles. L’Etat continuait par ailleurs à fournir l’énergie électrique, l’eau et les services à la population.
Et puis entre le 16 et le 20 novembre, l’équilibre s’est brisé: plus de 3.000 djihadistes sont arrivés du village sunnite d’Arsal, plateforme des groupes armés provenant du Liban, « dévastant, incendiant et transformant en champ de bataille » tout le village qui s’est alors vidé d’une grande partie de ses habitants (6.000).
Mais une trentaine de familles chrétienne de Qara, sont restées sur place, au milieu des tirs de roquettes contre les maisons et dans les rues :
« Nous nous sommes réfugiés dans l’église pour prier. La grille de l’église a été touchée et a sauté. Des combattants armés au visage masqué sont entrés. Ils avaient les cheveux longs, n’étaient pas syriens même si on n’arrivait pas à comprendre quelle était leur nationalité. Ils ont déclaré vouloir nous tuer tous, car nous étions des chiens chrétiens », raconte le père Georges.
Puis le père Georges et les fidèles ont réussi à s’échapper et aller se réfugier au village de Der Atieh qui sera à son tour prise pour cible par les djihadistes, le 25 novembre (voir Fides 25/11/2013).
« Nous nous sommes cachés dans les caves pendant quatre jours et quatre nuits sans eau, sans nourriture et sans électricité » raconte le Père Louis. Et après une nuit de prière, nouvelle fuite et marche forcée pour tous ces chrétiens, « dans de graves périls », jusqu’à Sadad, autre ville martyre ( cf. Aleteia)
Aujourd’hui à Qara comme à Der Atieh, c’est la désolation : « … les ruines sont partout… De nombreuses maisons et rues ont été minées. L’église gréco catholique Saint-Michel a été dévastée et incendiée, ainsi que d’autres églises catholiques et orthodoxes de Der Atieh, et un certain nombre de mosquées, marquant un avertissement pour les musulmans modérés », rapporte et commente Fides.