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Pape François : pourquoi a-t-il embrassé des personnes défigurées ?

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aleteia - Frère Dwight Longenecker - publié le 27/11/13
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Derrière la laideur repoussante de ces visages, le Saint-Père a vu la Beauté. Et si c’est possible pour lui, c’est possible pour vous et moi.27/11/2013

Comment le pape François a-t-il pu embrasser cet homme monstrueux couvert de verrues et de pustules ? Comment pouvait-il embrasser la laideur ? Et voilà que, depuis, une nouvelle fois, il a béni et embrassé un homme au visage horriblement défiguré.

Saint François embrassa un lépreux, et si vous avez déjà vu un lépreux vous aurez réalisé que, aux stades avancés, il ressemble à l’homme que le pape François a embrassé. Si vous avez jamais vu les victimes qui ont besoin d’une greffe de visage, vous aurez réalisé toute l’horreur et le désespoir qu’ils ressentent, chaque jour, et la répulsion et le rejet que les autres éprouvent à leur vue.

La lèpre couvre le visage de furoncles, de plaies purulentes, de croûtes et de déformations grotesques. Comparez les photos, avant et après, de saint Damien de Veuster (1840-1889) prêtre belge qui a passé sa vie à servir les lépreux sur l’île de Molokai et finit par  contracter  la maladie et à en mourir lui-même.

Qu’est-ce qui fait que des gens embrassent l’horreur? Qu’est-ce qui fait que les gens s’embarquent, de leur plein gré, dans les endroits les plus sombres? Que penser de saint Isaac Jogues (1607-1646), le missionnaire jésuite dont les doigts ont été rongés par les barbares Mohawks? Et qui, enfin libéré, rentre en France, mais a voulu revenir chez les Mohawks, et là va  endurer l’agonie la plus atroce qu’on puisse imaginer, avant d’être torturé à nouveau et décapité. 

Pourquoi Damien de Veuster est-il allé sur l’île de Molokai? Il s’est porté volontaire. Pourquoi Isaac Jogues est-il revenu chez les Mohawks? Il a dit qu’il les aimait. Pourquoi François a-t-il embrassé un lépreux ? Pourquoi sainte Catherine de Sienne (1347-1380) a-t-elle embrassé leurs plaies? Ils y ont vu la beauté. Pourquoi Jorge Bergoglio a-t-il embrassé l’homme malade et bénit le défiguré ?
 
Pourquoi ont-ils fait ces choses follement scandaleuses?
Ont-ils voulu se donner en spectacle ? Se mettre en avant? Sont-ils devenus fous ?

Non. Ils ont fait ce qu’ils voulaient. Quelque chose s’est passé intérieurement chez ces gens ordinaires pour leur faire désirer ce que la plupart d’entre nous fuiraient en courant, et fuir en courant ce que la plupart d’entre nous désirent.
 
Ce que ces gens radicalement rayonnants comme François, Damien, et Isaac manifestent au grand jour est quelque chose que les orthodoxes d’Orient appellent  « déification » (theosis),  et les chrétiens  occidentaux  «divinisation ». Nous voyons briller dans leur vie la vérité profonde du message chrétien. Ils ne sont pas simplement entrain de montrer le bon exemple. C’est plus que cela.

Ils ont été transformés de l’intérieur. Ils sont devenus pleinement vivants.  Comme l’enseigne l’apôtre Paul, ils ont « grandi dans la pleine humanité de Jésus-Christ ».  Divinisation signifie qu’une personne devient comme le Christ. Ils voient le monde à Sa manière. Ils pensent Ses pensées. Ils ressentent Ses sentiments. Ils font ce qu’Il a fait. Ils ne pas sont devenus juste des hommes bons, mais des hommes-Dieu.

Malgré toutes les erreurs humaines, les prêtres pervers, les hiérarques corrompus, et la foule des mauvais catholiques ordinaires, c’est toujours le cœur battant de la foi catholique – faisant le bien mais pas seulement – devenant  ‘un’ avec la Bonté elle-même.

Au 3ème siècle, le théologien Irénée disait: « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Les saints nous montrent ce que cela signifie. C’est être «chargé de la grandeur de Dieu», comme chantait le poète Hopkins. La puissance et la profondeur de cette pensée fait reposer toutes nos attentes de religion sur leur tête.

Nous pensions qu’être chrétien se résumait à obéir aux règles, faire attention et essayer d’éviter les ennuis. Nous avons pensé qu’en étant de bons garçons et de bonnes filles et en croyant à tous les contes de fées qu’on nous raconte, en disant nos prières tous les soirs, nous serions en mesure d’aller au ciel un jour.

Ce n’est pas la religion. C’est un ensemble de bonnes manières pour se tenir à table. La vraie religion est périlleuse. Elle a peu à voir avec des gens sympas et tout à voir avec le fait d’être de vraies personnes. Le roman de la religion est de se lancer dans la quête de cette grande réalité.

Malheureusement, « L’humanité ne supporte qu’une petite dose de réalité », disait d’un ton songeur le poète” T. S. Eliot. Le fait est que la plupart d’entre nous préférons que notre religion soit un ensemble de bonnes manières timides. En toute sécurité. Le Christ « lion »  a été apprivoisé, le christianisme a été « dé-griffé ».

L’idée que nous puissions être complètement transformés en tout ce pourquoi nous avons été créés est trop effrayant. Cela ressemble trop à ce que T. S. Eliot appelait  «Un état de complète simplicité ne coûtant pas moins que tout. »

Le Pape François a embrassé la laideur parce qu’il la voulu, et ce désir transformé prouve qu’un changement réel et intérieur stupéfiant est possible.

Et si c’est possible pour Jorge Bergoglio, c’est possible pour moi et pour vous.

Le dernier livre de Dwight Longenecker, The Romance of Religion, sera publié par Thomas Nelson en Février. Son blog :“Standing on My Head”.
 
Traduit de l’édition américaine de Aleteia par Elisabeth de Lavigne.
 

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