Après arrestations et traitements inhumains, ils se retrouvent confrontés à cette alternative : retrouver la guerre en Syrie ou prendre la mer vers l’Europe au risque de ne jamais y arriver.
27/11/2013
Depuis juillet dernier, pour beaucoup de Syriens, trouver un refuge hors du territoire, miné par plus de deux ans de guerre civile, est un nouveau chemin de croix.
En Egypte, les organismes de défense des droits de l'Homme s'inquiètent de la montée d'un sentiment anti-syrien depuis le coup d'État du 3 juillet. Accusés d'être des pro-Morsi, les réfugiés syriens doivent désormais obtenir un visa pour entrer sur le territoire égyptien et sont victimes d'arrestations.
« Ils ont cassé la porte, et sont entrés dans la maison. J’étais effrayé… Ils ont pris mon père » expliquait devant les caméras, en septembre dernier, Ahmad, un jeune syrien. « J’ai peur que mon père ne revienne pas », disait-il. Tout en ajoutant : « Je veux vivre en Égypte, parce qu’il y a une guerre en Syrie » (jolpress)
Human Rights Watch (HRW) confirme: « Les réfugiés syriens ayant atteint l'Égypte de manière clandestine sont arrêtés par la police égyptienne et détenus dans des conditions extrêmes jusqu'à ce qu'ils acceptent de quitter le pays. Beaucoup retournent en Syrie, d'autres tentent de traverser la Méditerranée pour l'Italie. ».
Selon HRW, lit-on sur le site Terrasanta.net, l'Égypte aurait détenu arbitrairement pendant des semaines, parfois des mois, plus de 1500 réfugiés en provenance de Syrie, dont au moins 400 Palestiniens et 250 enfants (parmi lesquels plusieurs nouveaux-nés).
Pour beaucoup de ces réfugiés syriens, l’Egypte est la première étape avant de rejoindre l’Europe par la mer. Et un grand nombre d’entre eux sont arrêtés directement sur des navires au large des côtes de l'Égypte, d'autres dans des abris où ils se cachaient près de la côte, en attendant de monter à bord.
Exemple: le 17 septembre, un navire transportant des réfugiés syriens a été rejoint par la marine égyptienne au large de la côte d'Alexandrie. L’armée a fait feu, tuant ainsi deux personnes. Le 11 octobre, non loin de là, un autre navire d’immigrants a été coulé : 12 personnes sont mortes noyées, tandis que 116 (dont 40 Syriens et 72 Palestiniens) ont été sauvées. Plusieurs survivants ont été arrêtés par la police égyptienne.
Human Rights Watch témoigne des conditions de surpopulation, de saleté et de pauvreté dans lesquelles ces derniers sont maintenus durant leur emprisonnement ou garde-à-vue, le plus souvent suivies d’une «invitation» à signer « librement» une déclaration d’intention de quitter le pays. Beaucoup d'entre eux, après avoir fui la Syrie, acceptent faire le chemin inverse, prenant de grands risques pour leur vie. D’autres choisissent de naviguer en direction de l'Italie plutôt que de rentrer chez eux.
Selon le directeur adjoint du bureau Moyen-Orient – Afrique du Nord d’Human Rights Watch, M. Joe Stork, la police égyptienne interdirait aux réfugiés palestiniens qui ont fui la Syrie, leur l’accès aux bureaux de l'ONU auprès desquels ils pourraient demander protection.
« L'Égypte – a déclaré M. Stork – doit libérer immédiatement les personnes détenues et permettre à l'ONU de les protéger ».
« Si l’on ne fait pas taire les armes en Syrie, l’impact du conflit sur les pays avoisinants sera insoutenable », prévenait Marialaura Conte sur le site Oasis, en septembre dernier (cf. Aleteia)