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Année de la foi : « Je crois »

DOMINUS FLEVIT
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La clôture de l’Année de la foi, dimanche 24 novembre, a inspiré à notre ami canadien Jacques Gauthier, écrivain et poète, cette méditation spirituelle.

La clôture de l’Année de la foi, dimanche 24 novembre, a inspiré à notre ami canadien Jacques Gauthier, écrivain et poète, cette méditation spirituelle.

L’Année de la foi, ouverte par Benoît XVI le 11 octobre 2012, et qui sera clôturée par le pape François le 24 novembre prochain, aura permis de raviver la foi des catholiques, d’approfondir la rencontre du Christ et de son Église. Personnellement, elle aura été l’occasion d’approfondir l’acte de croire que j’ai décliné en quinze variations dans mon livre L’aventure de la foi.
 
Dans sa lettre encyclique Lumen Fidei, écrite avec Benoît XVI, François a montré qu’on ne peut pas croire tout seul. Bien qu’on dise “je” crois, la foi s’ouvre au “nous” de l’Église. “L’acte de croire s’exprime comme une réponse à une invitation à une parole qui doit être écoutée [.] Il est possible de répondre à la première personne, “je crois”, seulement dans la mesure où l’on appartient à une large communion, seulement parce que l’on dit aussi “nous croyons” (no 39). Ainsi, celui qui croit n’est jamais seul, mais il doit sans cesse se réapproprier sa foi, l’exprimer de manière précise pour que celle-ci ne soit pas inconsistante. Il appartient au croyant d’exprimer sa conviction et de la partager avec d’autres dans la joie.
 
Le cardinal Henri de Lubac écrivait dans La foi chrétienne: “La formulation de la foi est la condition même de sa réalité. Et parce que cette foi n’est pas seulement un secret jalousement gardé, mais doit se communiquer pour devenir le lien vivant et chaleureux de la communauté fraternelle ‑ parce que le propre de la foi chrétienne est d’être reçue et vécue en Église ‑, il faut qu’elle se traduise en formules communicables, signes de reconnaissance et lieu de convergence de notre unité dans l’amour du Seigneur”.
 
C’est ce que j’ai voulu faire à la fin de mon livre en écrivant mon “je crois”, inspiré du Symbole des apôtres. J’ai voulu traduire ma foi en empruntant les grandes lignes du Credo de l’Église dans lequel je suis invité à entrer dans le mystère que je professe et à me laisser tranformer par lui. J’ai gardé la structure trinitaire du contenu, la confession christologique, la communion à l’Esprit et à l’Église qui jaillit de l’échange d’amour entre le Père et le Fils dans l’Esprit. En prononçant ces paroles de foi, je suis introduit dans une histoire d’amour qui me saisit, dans une expérience ecclésiale qui dilate mon être d’enfant de Dieu. J’ose penser que c’est l’Église qui s’exprime à travers moi. Ces vérités à croire ne sont pas contraignantes, elles sont liberté de l’esprit, ouverture de l’intelligence, “chemin de communion avec le Dieu vivant” (Lumen Fidei no 45). C’est donc dans la joie que je vous les partage bien humblement.
 
Je crois
 
Je crois en Dieu caché et proche,
que nulle personne n’a jamais vu
et que nul mot ne peut définir,
le Père tout-puissant de bonté,
qui n’existe qu’en se donnant,
qui m’a créé à son image,
qui m’aime et me connaît par mon nom.
Je suis son enfant bien-aimé,
il me parle au sanctuaire de ma conscience.
 
Je crois au beau Dieu
que les anges adorent,
créateur du ciel et de la terre,
de l’univers visible et invisible,
Il laisse voir sa beauté à travers ses œuvres,
il se révèle dans le silence du mystère,
se dit dans la présence du poème,
le sourire des petits enfants,
la fécondité des couples et des familles.
Je crois en l’homme en croyant en Dieu,
ma foi en lui nourrit la foi en moi.
 
Je crois en Jésus Christ, notre Seigneur,
qui me libère des fausses images de Dieu.
Il est le Fils unique de Dieu,
né du Père avant tous les siècles,
il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
engendré, non pas créé,
de même nature que le Père,
et par lui tout a été fait.
Il descendit du ciel pour nous sauver et nous guérir,

par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie,
et s’est fait homme.
Il a grandi à Nazareth avec Marie et Joseph,
modèles de foi dans ma vie quotidienne,
il a travaillé de ses mains comme charpentier,
il a proclamé l’Évangile de justice et de paix,
il a apporté à tous la vie en abondance.
Il éclaire chaque personne venant en ce monde.
 
Je crois qu’il a souffert sous Ponce Pilate,
il a été crucifié par amour pour moi,
son corps en croix est la plus belle parole d’amour,
sa soif étanche toutes mes soifs,
son pardon désarme le mal. 
Il a aimé jusqu’au bout en mourant librement,
sa croix est le baiser sur mon front de baptisé,
le signe de mon élection plus forte que la mort.
Il a été enseveli et il est descendu aux enfers.
Premier-né de toute créature, il m’invite à le suivre
de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.
 
Je crois qu’il est ressuscité des morts,
le troisième jour, conformément aux Écritures.
Oui, le Christ est vraiment ressuscité.
Il donne un sens à ma vie et à ma mort.
Je vis une alliance nouvelle avec lui dès cette vie,
ma foi en sa victoire est joie brûlante au cœur.
Il est le Vivant, le Visage, la Présence,
qui m’accompagne sur les chemins d’Emmaüs,
qui donne à mon histoire un goût de sainteté.
 
Je crois qu’il est monté aux cieux,
bien qu’il demeure en moi,
il est assis à la droite du Père,
il me fait vivre de sa vie trinitaire,
il reviendra dans la gloire,
pour juger les vivants et les morts,
et son règne n’aura pas de fin.
Son poids d’amour me tire en avant
pour embrasser ceux qui me sont confiés,
pour bâtir un ciel nouveau, une terre nouvelle,
où habitera enfin la justice.
 
Je crois en l’Esprit Saint,
qui est Seigneur et qui donne la vie.
Il est le don qui me remplit de ses dons,
le souffle des origines et de ma naissance,
la musique intérieure qui fait tressaillir le silence,
l’amour de Dieu répandu dans mon cœur,
la liberté et la transfiguration de mon être,
mouvement incessant de création et de relation.
Il procède du Père et du Fils, élan entre les deux,
avec eux, il est tout l’amour partagé,
il reçoit même adoration et même gloire,
il a parlé en vérité par les prophètes,
il continue à souffler là où il veut,
il me rappelle les paroles de Jésus,
il fait de ma vie une prière continuelle,
il me pousse à l’engagement en Église,
il me fait naître au monde en faisant communauté,
il répand son feu sur l’humanité depuis la Pentecôte.
 
Je crois en l’Église, lieu de l’Esprit Saint,
née du sang et de l’eau jaillis du Christ,
une dans sa diversité, où tous sont égaux,
sainte dans ses membres pécheurs,
catholique dans son universalité,
apostolique dans sa mission d’évangélisation.
Elle est le Christ continué et répandu,
présence de la Trinité en l’humanité,
elle rend à la communauté un air de famille,
une dignité infinie en chaque personne,
elle appelle tous les humains au festin,
où les sacrements agissent en permanence.
 
Je crois en l’Eucharistie qui fait l’Église,
communion de Dieu et de l’humain,
rassemblement des croyants,
fils et filles de Dieu, frères et sœurs,
où l’on vit autrement, tourné vers l’autre,
corps du Christ et peuple de Dieu.
J’adore le Christ réellement présent
dans le pain et le vin consacrés
qui transforment ma vie et le monde.
Tout est grâce, même les larmes.
Tout est eucharistie, même la mort.
 
Je crois à la communion de saints,
où prend forme le mystère de l’Église,
où nous formons un seul corps dans le Christ.
Elle ne se réduit pas au groupe des canonisés,
mes amis les saints et les saintes,
mais s’étend à tous les baptisés
qui s’efforcent de vivre les béatitudes,
de rayonner l’Évangile au cœur des idéologies,

de méditer la Parole de Dieu au secret de la prière.
Parole reçue et partagée aussi dans la liturgie,
Parole rompue et mangée dans les sacrements.
 
Je crois à la rémission des péchés,
par Jésus le Christ qui me délivre du mal
et m’enlève toute culpabilité et résignation.
Il donne le pouvoir à ses prêtres
de remettre les fautes en son nom.
Là où le péché abonde, la grâce surabonde.
Son amour me relève et je reprends le chemin,
je bondis de joie en confessant sa miséricorde.
Je dis avec saint Paul : ma faiblesse, c’est ma force,
ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi,
ma blessure offerte s’ouvre à la plaie de son côté.
 
Je crois à la résurrection de la chair.
Mon frère le corps rencontrera sa sœur la mort,
il deviendra capacité de relation éternelle,
il rejoindra ceux et celles qui m’ont aimé,
surtout mon épouse, compagne d’éternité,
nous vivrons une fraternité sans commune mesure,
avec la tendresse du Christ entre nous.
Il transformera mon corps pour le conformer au sien.
En lui, j’attends la résurrection des morts,
et la vie du monde à venir,
il se lève victorieux sur les cimetières de novembre.
 
Je crois à la vie éternelle dans mon aujourd’hui,
espace libre du Royaume déjà commencé.
Je crois en Dieu des vivants qui exalte le désir d’aimer.
Je rentre chez moi entre les bras de mes Trois,
je nais à l’infini d’un amour qui m’attend,
l’extase définitive du face à face lumineux,
où je serai connu enfin tel que je suis,
où je verrai l’amour de Dieu à cœur ouvert,
son alléluia palpite déjà dans l’invisible du tombeau.
Quelle aventure de foi!
Quelle plénitude de vie!
 
Amen. Eh bien, oui, j’adhère.
 
Jacques Gauthier, L’aventure de la foi, p. 75-82.

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