Un rapport transmis à l’association Aide à l’Eglise en Détresse fait état d’atrocités commises dans la ville chrétienne de Sadad investie par des islamistes pendant une semaine entière.
06/11/2013
Les chrétiens de Sadad, ville à majorité syro-orthodoxe située près de Homs, ont vécu l’une des pires semaines de persécution antichrétienne jamais enregistrée dans le pays depuis le début de la guerre, il y a plus de deux ans.
Les habitants qui avaient pu fuir la ville quand les rebelles sont passés à l’attaque le mois dernier, ont découvert à leur retour l’ampleur des atrocités commises en une semaine par les islamistes avant que la petite ville ne soit reprise par l’armée syrienne.
Tout n’est que « mort et destructions » dans la ville de Sadad, confirment les rapports de responsables religieux envoyés à l’AED : « 1.500 familles prises en otage… 45 personnes tuées…Une trentaine de corps retrouvés dans des fosses communes… », dénonce notamment ce rapport.
Située à 160 Km au nord de Damas, Sadad est une ville de 15.000 habitants, qui compte 14 églises et un monastère. La ville était restée jusqu’à présent en dehors du conflit.
Il y a dix jours, le Métropolite Silwanos Boutros Alnemeh, titulaire de l’Archidiocèse syro-orthodoxe de Homs et Hama, lançait un appel de détresse aux institutions et organisations humanitaires internationales au nom des populations civiles – environ 3.000 personnes – assiégées dans les villes de Sadad et d’Hofar, dans la région de Qualamun.
Quelques jours plus tard, il intervenait de nouveau, par l’intermédiaire de l’agence Fides, pour dénoncer les exactions commises à Sadad reprise par l’armée syrienne : le « plus grave et le plus important massacre de chrétiens jamais commis en Syrie », depuis le début du conflit en mars 2011.
D’après les rapports, envoyés par les responsables ecclésiastiques à l’AED : « Les personnes vulnérables incapables de s’échapper ont été soumises à des actes de torture tels que la strangulation, dont des personnes âgées, handicapées, des femmes et des enfants ».
Exemple : « Les restes de six membres d’une même famille ( Matanios El Sheikh, 85 ans, son épouse Habsah, 75 ans, leur fille Njala, 45 ans, et leurs petits-enfants Ranim, 18 ans, un étudiant en première année à l’université, et son frère de 16 ans, Fadi, en classe de première au lycée) ont été découverts dans un puits (…) ils y ont été jetés le 26 octobre avec la grand-mère paternelle du garçon, Mariam, âgée de 90 ans. »
Le cauchemar de Sadad a commencé le 21 octobre, provoquant la fuite de 2.500 familles, en n’emportant que les vêtements qu’elles portaient, vers des villes lointaines comme Homs (60 km), et plus loin à Damas, Al-Fhayle, Maskane, Fayrouza, Zaydal et ailleurs.
Les comptes rendus de Mgr Alnemeh et d’autres responsables religieux décrivent la généralisation des pillages et des destructions de magasins, maisons et bâtiments gouvernementaux ainsi que d’hôpitaux, cliniques, bureaux de poste et écoles.
Dans un entretien accordé le 4 novembre à l’Aide à l’Église en Détresse, le Patriarche melkite gréco-catholique de Damas, Mgr Gregorios III, n’hésite pas à parler « d’atrocités bestiales » commises sur les chrétiens de Sadad, qui sont le signe selon lui « de la montée du fondamentalisme et de l’extrémisme » dans le pays, et le déclencheur d’une nouvelle vague d’émigration des chrétiens de Syrie.
Le patriarche a réitéré son appel à mettre fin aux livraisons d’armes à la Syrie, en particulier aux groupes de rebelles extrémistes.
Pour plus de détails : http://www.aed-france.org/actualite/syrie-mort-et-destruction-dans-la-ville-chretienne-de-sadad/