En ce jour anniversaire de la Conspiration des poudres, l’édition anglaise d’Aleteia s’interroge sur le bien-fondé de l’action de Guy Fawkes, qui aujourd’hui est un symbole pour certains.Il y a plus de 400 ans, le 5 novembre 1605, échouait la tentative d’attentat contre le roi Jacques 1er d’Angleterre et le parlement britannique, par un groupe de catholiques provinciaux. Ce projet, prévoyant de faire exploser la Chambre des Lords pour la cérémonie d’ouverture du Parlement, fut l’expression du profond désespoir éprouvé par les catholiques anglais, alors violemment persécutés. Que l’on se souhaite un joyeux « Gunpowder Day » ou une joyeuse « Guy Fawkes Night », souvent en fonction de nos orientations politiques, l’événement est pour le moins polémique puisqu’il est souvent transposé dans nos problématiques postmodernes, et qu’il incarne aujourd’hui encore dans beaucoup d’esprits le courage face à l’oppresseur.
« La Conspiration des poudres doit être perçue et comprise dans un certain cadre et contexte historiques », avertit Joseph Pearce, écrivain et professeur au Thomas More College. « Les catholiques d’Angleterre, persécutés et harcelés, avaient attendu avec optimisme et pugnacité la mort de la Reine, très âgée, dans l’espoir que son successeur, Jacques 1er, honore sa promesse de mettre un terme aux attaques incessantes dont le catholicisme était l’objet. »
Il poursuit : « Bien que Jacques était marié à une catholique, il n’a pas honoré sa promesse et a poursuivi la même pratique de torturer les prêtres et de les mettre à mort. Le bref élan d’enthousiasme ayant entouré la mort de ‘Bloody Bess’ en 1603 a été suivi d’un sentiment de désespoir, dès lors que les catholiques anglais ont pris conscience qu’aucune issue à la terreur qu’ils vivaient ne se profilait à l’horizon. Pour certains d’entre eux, ce désespoir a conduit à ce que l’on considère maintenant comme l’infâme conspiration visant à assassiner le roi et ses ministres. »
Le professeur voit dans les œuvres de Shakespeare, et dans les conspirations qu’elles mettent en scène (Mac Beth, Le roi Lear, Othello), une volonté d’éveiller les consciences sur la situation des catholiques et de mettre en lumière toute la noirceur de cette page de l’histoire anglaise.
Toutefois, l’auteur catholique John Zmirak ne partage pas tout à fait les vues de Pearce, et considère la conspiration comme étant immorale. En effet, nous n’étions pas dans un contexte de Guerre Juste selon lui, puisqu’il n’y avait aucun héritier catholique en Écosse, prêt à prendre le pouvoir avec une armée. « Il n’y avait aucune chance de succès. Il n’y avait pas de projet réaliste pour rétablir l’ordre. »
Zmirak souligne le fait que la conspiration a eu pour effet d’empirer les persécutions « Ce ne fut rien de plus qu’un acte de violence vindicatif et nihiliste, qui a conduit à une prévisible et plus rude persécution des catholiques. Pour les mêmes raisons, la violence contre les avorteurs n’a pas lieu d’être : c’est un acte de guerre civile. Et nous la perdrions. »
Par ailleurs, Zmirak n’a pas bonne opinion de l’actuelle récupération politique dont fait l’objet la personne de Guy Fawkes : «Anonymous et les voyous de ‘Occupy Wall Street' ne s’inspirent en rien de vrai Guy Fawkes, mais de l’un des films politiques les plus détestables de tous les temps, V pour Vendetta. Fawkes était un idiot, mais il mérite mieux que cela. »
Le professeur d’histoire de l’Église au Holy Apostles College and Seminary, Dolores Liptak, R.S.M., souscrit à cette analyse, jugeant que le projet de Guy Fawkes était une erreur : « La persécution est horrible, monstrueuse. Mais la grâce est accordée afin que nous l’acceptions ; et, bien que ce soit facile à dire pour moi, je sais qu’elle doit être acceptée- tout comme les premiers disciples du Christ, et beaucoup d’autres, l’ont fait. Tellement de gens ont fait ce qu’il fallait : ils ont donné leur sang pour que soit préservé le Royaume de Dieu dans ce monde déchu. »
Article traduit et adapté par Solène Tadié
[SOURCE: team Aleteia]