Le 2 novembre prochain, les Bretons manifesteront à Quimper contre l’écotaxe et pour l’emploi. De violents heurts ont eu lieu lors de la précédente manifestation, le 26 octobre.
Les évêques bretons ont appelé au dialogue et au calme après la « révolte des bonnets rouges » ( ce couvre-chef symbolisant la résistance au pouvoir central depuis l'insurrection bretonne contre la fiscalité sous Louis XIV). A quelques jours de la manifestation prévue, à Quimper, pour dire « non » à l'écotaxe et « oui » à l'emploi, les évêques ont appelé à ne pas céder à la violence, comme ce fut le cas une semaine plus tôt lors d'une première manifestation où de violents heurts ont éclaté.
« Difficile de parler de bonheur et d’espérance en Bretagne lorsqu'un grand nombre d’entre nous connaît de graves difficultés et ressent la colère, le désespoir ou la tentation de la violence. Ne cédons pas à cette tentation, même si la crise de l'agro-alimentaire a pris un tour dramatique par son ampleur et par ses conséquences sociales en cascade », affirment ainsi les évêques dans un communiqué signé de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo, de Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, de Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier et de Mgr Jean-Marie Le Vert, évêque de Quimper et Léon.
Les évêques appellent aussi au dialogue pour que soient trouvées « des solutions justes et respectueuses des personnes et des familles ». Avec la solidarité, ils sont « la condition essentielle pour qu’un modèle économique rénové, juste et pérenne voit le jour », affirment-ils.
De son côté, dans un « billet d'humeur » publié sur le site du diocèse de Vannes, Mgr Raymond Centène appelle les Bretons « à manifester concrètement leur solidarité envers ces travailleurs que menacent aujourd’hui la précarité et le chômage » et notamment lors de la grande manifestation annoncée pour le 2 novembre, afin de « sauver une Bretagne au bord de l’asphyxie ».
« En 2013, comme en 1675 lors de la Révolte des Bonnets rouges, ce sont les mêmes raisons qui poussent nos compatriotes à se lever : le travail – leur travail – est pour eux source et synonyme d’identité et de dignité », écrit-il encore. « Le sursaut salvateur de leur identité et de leur dignité est sans doute ce qui explique le mieux leur soulèvement et leur forte détermination ».
A ses yeux, « les crises économiques et sociétales qui divisent depuis plusieurs années les Français ou les opposent à leurs gouvernants sont en partie dues à l’ignorance ou au refus de ce que doit être une véritable action politique : une attention, non seulement à l’intérêt général, mais surtout au “Bien commun“, c’est-à-dire au bien de tous les hommes et de tout l’homme : l’homme, la femme, les enfants, ne peuvent se réduire à des objets de consommation égoïste pas plus qu’ils ne peuvent être réduits en esclavage par un ultra-libéralisme sauvage et agressif que ne parvient plus à maîtriser un Etat affaibli, qui s’est volontairement soumis aux directives supranationales d’une Union européenne ultra-libérale ».
« En ces jours où nous prions les Saints de Bretagne et les défunts de nos familles, et à l’occasion du 500ème anniversaire de sa mort – conclut-il – qu’Anne de Bretagne soit pour nous un guide, elle qui fit graver dans le marbre de son contrat de mariage « pas d’octroi sur mes terres », ce qui vaut encore aux Bretons aujourd’hui la gratuité de leurs voies expresses… ».