Alors que les préparatifs d’un Genève-2 sur la crise syrienne se poursuivent, les jésuites du Moyen-Orient et d’Europe préconisent un moratoire sur les ventes d’armes à tous les belligérants
30/10/2013
Les Supérieurs provinciaux de la Compagnie de Jésus du Moyen-Orient et d’Europe, lancent un appel au « discernement » à toutes les parties en conflit et à la communauté internationale.
Le moment est bien choisi : la deuxième conférence internationale sur le règlement de la crise syrienne, dite Genève-2, va s’ouvrir à l'initiative de la Russie et des Etats-Unis, et l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie Lakhdar Brahimi est en tournée dans tous les pays de la région.
Pour comprendre et bloquer le conflit en cours en Syrie, « il faut reconnaître et appeler par leur nom les intérêts réels en jeu, au niveau local, régional et international, intérêts qui ne correspondent pas à ceux du peuple syrien », déclarent-ils dans un document publié à l’issue de leur rencontre, vendredi 25 octobre, à Rome, sur les bouleversements que connait aujourd’hui le Moyen-Orient.
Les Supérieurs jésuites affirment leur soutien au « lancement du processus qui vise à la destruction de toutes les armes chimiques trouvées sur le sol syrien », ainsi qu’aux « négociations en cours pour une conférence de paix pour la Syrie » ; ils appellent les parties en conflit et la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu et une feuille de route en vue d’une réunion entre toutes les parties prenantes.
Mais ce que souhaitent particulièrement les jésuites, c’est qu’il y ait une vraie réflexion sur le trafic d’armes qui, dénoncent-ils, déclenche et alimente les guerres et les actions terroristes dont souffrent les peuples de la région.
Concernant la Syrie, ils appellent à « cesser le ravitaillement et la vente d’armes à toutes les parties en conflit » et invitent fortement à « refuser tout soutien, qu’il soit diplomatique ou militaire, de toute partie en présence qui préconise ouvertement quelque forme que ce soit de violence, de fanatisme ou d’extrémisme ».
Les pères jésuites du Proche Orient et d'Europe rappellent que « le respect de la dignité de la personne aussi bien que des droits de l’homme devrait constituer un préliminaire pour toute aide matérielle et un critère incontournable ».
En même temps, ils appellent à la mobilisation de tous les organismes civils et sociaux « afin d’aider la population syrienne qui doit faire face à l’une des plus grandes tragédies humanitaires de notre siècle », rappelant qu’un quart de la population syrienne vit à l’extérieur du pays, et que ces réfugiés ont un besoin urgent de nourriture, de médicaments et d’aide médicale.
Enfin, ils attirent l’attention sur le mauvais traitement et le sort des communautés chrétiennes présentes en Syrie depuis les premiers temps du Christianisme. Selon les jésuites, « les solutions qui prévoient l’exil de ces communautés » ne sont pas tolérables.