Distinguons ces deux droits fondamentaux pour les défendre, plaide le Rapporteur spécial pour le Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la liberté de religion ou de conviction.
30/10/2013
Face à l’interaction compliquée entre la liberté de religion ou de croyance et l’égalité entre les hommes et les femmes, le Rapporteur spécial pour le Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la liberté de religion ou de conviction, M. Heiner Bielefeldt, invite à établir une distinction claire entre ces deux droits fondamentaux.
Lors d’une conférence de presse, le 30 octobre, à l’issue de la présentation de son rapport sur la liberté de religion ou de conviction devant la troisième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, M. Bielefeldt a voulu illustrer l’étroitesse des relations entre la religion et l’égalité des sexes, en citant l’exemple de certaines pratiques comme « les mutilations génitales des femmes » qui sont commises au nom de la religion.
Condamnant ce genre de pratiques, le Rapporteur spécial a martelé que les actes répréhensibles « infligés aux femmes et aux filles ne peuvent être justifiés au nom de la liberté de religion ou de conviction ».
Pour le Rapporteur spécial, rapporte un communiqué des Nations-Unies, il est plus que temps de faire entendre à tout le monde que « la liberté de religion ou de conviction est un droit de l’homme, puisque qu’elle garantit la protection des êtres humains ». Bien que la liberté de religion ou de conviction ne soit pas exempte de restrictions, M. Bielefeldt a estimé qu’elle doit d’abord être reconnue partout dans le monde.
Alors qu’il défendait l’idée selon laquelle la religion et l’État doivent être deux entités distinctes qui n’interfèrent pas entre elles, le Rapporteur spécial, a été invité à se prononcer sur la situation des femmes d’Arabie saoudite auxquelles on interdit de conduire une voiture.
« C’est simplement ridicule », a répondu M. Bielefeldt, pour qui cette question « ne mérite même pas un commentaire », tant le pays « se considère comme une entité religieuse » et représente exactement le contraire de ce que devrait être le rapport entre l’État et la religion.
« Le pouvoir religieux ne doit pas être proche du pouvoir étatique, autant pour le salut de la religion que de l’État », a soutenu M. Bielefeldt.
Prenant en exemple la Sierra Leone, « l’un des pays les plus pauvres du monde sur le plan économique », le Rapporteur spécial a dit son « émerveillement » face au « niveau d’ouverture d’esprit », par rapport aux questions religieuses, qu’il a observées sur place, en juillet, lorsqu’il s’y est rendu pour une mission. « Des branches habituellement farouchement opposées de l’Islam collaborent dans ce pays, de même que les autres religions », a expliqué M. Bielefeldt, qui a tenu à « rendre hommage » à cette « coexistence religieuse, dans la diversité » qui prévaut en Sierra Leone.
Le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction est un expert indépendant nommé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Il a pour mandat d’identifier les obstacles existants et émergents à la jouissance du droit à la liberté de religion ou de conviction et de présenter des recommandations sur les voies et moyens de surmonter ces obstacles.
I.C