Trois semaines après le drame de Lampedusa, les évêques d’Afrique et de Madagascar mettent en cause les conditions politiques et économiques des pays d’origine des réfugiés.
Lundi 28 octobre 2013
« Le drame de la migration, avec un nombre croissant de jeunes qui risquent leur vie pour abandonner l’Afrique, reflète la profondeur du malaise d’un continent sur lequel sont encore fortes les résistances à assurer un travail, une éducation et la santé à sa propre population », soulignent le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) dans un communiqué envoyé à l’Agence Fides.
Trois semaine après le chavirement au large des côtes siciliennes de Lampedusa, d’un bateau bondé de migrants provenant de la Corne de l’Afrique, faisant près de 360 morts, les évêques africains font appel à « la responsabilité des institutions africaines afin qu’elles cherchent à coordonner les politiques de contrôle des flux migratoires et surtout qu’elles lancent un processus d’amélioration des conditions de vie dans leurs Etats ».
Les évêques africains soulignent en particulier les conditions de la Somalie et de l’Érythrée, les deux pays dont provenait la majeure partie des personnes impliquées dans la tragédie de Lampedusa :
« Dans le cas de la Somalie, les milices al Shabaabs terrorisent la population depuis 1994. Cette longue guerre a provoqué de graves problèmes sociaux et économiques. La situation politique en Érythrée a, elle aussi, poussé de nombreuses personnes à fuir leur pays. Il n’existe aucune forme de liberté, ni liberté de la presse, ni liberté religieuse et aucun droit de rassemblement. Ces personnes affirment chercher de donner un sens à leur vie ».
Rappelant la Lettre pastorale des évêques africains, publiée en février 2013 et intitulée « Gouvernance, bien commun et transitions démocratiques en Afrique », le communiqué poursuit :
« Le drame de la migration, avec un nombre croissant de jeunes qui risquent leur vie pour abandonner l’Afrique, reflète la profondeur du malaise d’un continent sur lequel sont encore fortes les résistances à assurer un travail, une éducation et la santé à sa propre population ».
Ils reconnaissent qu'après « plus de 50 ans d’indépendance, l’Afrique est encore aux prises avec des violences sans fin. Des groupes armés illégaux, qui continuent à menacer la sécurité de la population et de ses biens, finissent par provoquer la fuite des personnes, comme dans le cas de l’incident de Lampedusa ».
En conclusion, les évêques africains demandent également à l’Europe de revoir sa législation en matière d’immigration afin de traiter « ces migrants avec davantage de compassion »
I.C