L’Aide à l’Église en détresse salue l’annonce d’un renforcement de la présence de l’ONU dans le pays mais déplore une situation « apocalyptique ».
Entre massacres, tortures, pillages et assassinats, destruction de villages entiers et fuite par centaines de milliers de personnes, la Centrafrique s’enfonce dans une situation qui ne cesse d’empirer depuis la chute, en mars dernier, du président François Bozizé, renversé par une coalition rebelle, Séléka, dont le chef, Michel Djotodia, s'est autoproclamé président.
Quelques jours après l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution qui renforce la présence de l’ONU sur place et envisage le déploiement dans les prochains mois d’une opération de maintien de la paix, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, s’est rendu sur place dimanche dernier 13 octobre pour parler de « renforcement de l'État, respect du calendrier électoral et situation sécuritaire ».
Il en est reparti 5 heures plus tard avec une promesse : envoyer prochainement des troupes françaises, pour appuyer l’action sécuritaire des quelque 410 éléments déjà présents dans le pays, « en attendant le prochain vote par le conseil de sécurité des Nations Unies, d’un nouveau mandant pour les forces internationales présentes en Centrafrique », comme il l’a précisé lui-même. (Cf. Huffingtonpost)
Entretemps, chaque jour amène son lot de nouvelles violences et de nouvelles victimes d’affrontements entre les forces armées centrafricaines et des milices en tout genre qui profitent du vide sécuritaire pour se livrer aux pires exactions sur la population, dans tout le territoire. Christine du Coudray, responsable pour l’Afrique auprès de l’AED revient sur cette situation dramatique dans un entretien réalisé aussitôt après l’adoption par l’ONU de cette résolution du Conseil de sécurité qui rend possible une intervention en Centrafrique.
« Nous sommes très contents qu’il se passe enfin quelque chose. Seule une intervention rapide de la communauté internationale peut libérer le pays du régime de terreur des Séléka. Il est midi moins cinq ! Le pays sombre de plus en plus dans le chaos, et la conflagration qui menace risque de déstabiliser toute la région. Ce pays a besoin d’aide, pas seulement de la part des organisations humanitaires, mais aussi de la communauté internationale ! », déclare-t-elle.
Mais si pour la représente de l’AED, cette résolution constitue « la première lueur d’espoir pour un pays qui vacille depuis des mois au bord de l’abîme », il demeure néanmoins que globalement, l’opinion publique n’accorde toujours que trop peu d’attention au destin de la République centrafricaine, et que les tensions en Centrafrique ne cessent d’augmenter :
« Les établissements scolaires sont fermés, les salaires ne sont plus versés, les recettes de l’État passent aux mains de la Séléka, l’économie est à terre, la vie publique ne fonctionne pas, et le pays est de plus en plus dévasté », déplore Christine du Coudray. « Les anciens rebelles sévissent sans aucune entrave (…) non seulement dans les villages isolés, mais même en plein jour dans la capitale du pays ! (…) 25 000 ex-rebelles qui terrorisent la population et le gouvernement n’entreprend absolument rien pour les stopper ! ».
Pour connaître les raisons profondes de cette crise à laquelle l’Eglise sur place est chaque jour confrontée et dans laquelle elle tente tout ce qu’elle peut et comme elle peut pour apporter son aide, se connecter directement au site de l’AED : http://www.aed-france.org/actualite/republique-centrafricaine-espoir-pour-un-pays-au-bord-de-labime/
Et pour savoir ce que veulent les rebelles du Séléka, lire l’explication de Roland Marchal, spécialiste de l'Afrique subsaharienne sur le site Slate Afrique : http://www.slateafrique.com/100821/lexplication-centrafrique-que-veulent-les-rebelles-seleka