Mgr Louis Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens, répond aux questions de l’Aide à l’Eglise en Détresse sur la situation des chrétiens victimes de la guerre entre sunnites et chiites
Sa Béatitude Louis Raphaël Ier Sako, ancien archevêque de Kirkouk, patriarche de Babylone des Chaldéens, répond aux questions de l’Aide à l’Eglise en Détresse sur la situation des chrétiens d’Irak.
Votre Béatitude, cela fait des mois que nous recevons d’Irak, tout comme d’ailleurs de tout le Proche-Orient, des informations inquiétantes concernant la violence et la terreur. Quelle est votre appréciation de la situation ?
En Irak, en Syrie et même au Liban et en Jordanie règnent des tensions et l’insécurité. Le fondamentalisme croissant constitue un défi. Beaucoup de gens sont dans l’expectative et ont peur. La situation s’est détériorée en Irak, il y a trop peu de sécurité. Des explosions tuent des femmes, des hommes et des enfants, des maisons sont détruites. Il s’agit certes d’un conflit entre sunnites et chiites, mais les chrétiens doivent craindre les attaques. Certains d’entre eux ont quitté le pays, d’autres restent et attendent.
Quelles sont les conséquences de cette évolution sur l’ensemble de la région ?
L’insécurité et l’absence de perspectives. Il y a un mois, nous avons rendu visite à des réfugiés en Turquie. Et maintenant, j’ai effectué une visite pastorale au Liban, où il y a un grand nombre de réfugiés chrétiens qui n’ont plus aucun espoir, qui ne savent pas où aller. Nous essayons de les réconforter et de leur rendre espoir.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Beaucoup de familles sont dans la détresse. À Bagdad, nous avons par exemple divisé le séminaire principal en appartements pour les mettre à la disposition de familles nécessiteuses ou de jeunes couples qui veulent se marier, afin qu’ils puissent rester dans la ville.
Comment la situation au Proche-Orient pourrait-elle être fondamentalement changée ?
Une solution est envisageable si nous nous réunissons dans le cadre d’un dialogue, si nous essayons d’obtenir des réformes par le biais de relations de confiance et non de violence militaire ; si nous pouvons garantir le respect des droits de l’homme au Proche-Orient comme c’est le cas dans les pays occidentaux. Certes, nos gouvernements ont signé ces objectifs, mais entreprennent peu pour les atteindre.
Que pourrait faire l’Occident ? Certains États se sont notamment déclarés prêts à accueillir des réfugiés…
Les États occidentaux ne devraient pas encourager les chrétiens à quitter la région. Ils pourraient plutôt contribuer à travers des projets à ce que les gens puissent rester, particulièrement en milieu rural. J’ai visité une quarantaine de villages dans le nord de l’Irak. Les gens n’ont pas besoin de beaucoup de choses ; des médicaments, des garderies pour les enfants, des semences, des moyens de transport, du travail.