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Belgique : « l’euthanasie brise la société comme un marteau piqueur »

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 11/10/13
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Un cri d’alarme du cardinal Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles et président de la Conférence épiscopale belge.

Qu’est-ce qui pousse certaines personnes à demander l'euthanasie ? Que se passe-t-il en Belgique où dix ans après la loi dépénalisant partiellement l’euthanasie, cette possibilité pourrait aujourd’hui être élargie aux mineurs disposant de la « capacité de discernement », et aux personnes atteintes d’Alzheimer, en cas de souffrances dites « insupportables » ? 
 
Ces questions reviennent en force après un nouveau cas d’euthanasie pratiqué (le 1 octobre) sur une personne, Nancy devenue Nathan, qui avait demandé la mort, après l’échec de plusieurs opérations pour changer de sexe.
 
Maria Chiara Biagioni, pour Sir Europe (Servizio Informazione Religiosa), a interrogé à ce propos le Président de la conférence épiscopale de Belgique, Le cardinal André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles.
 
Voici quelques considérations du card. Léonard tirées de l’entretien traduit en français par Belgicatho :
 
 
« On revendique la liberté individuelle selon laquelle chacun est maître de la vie et la mort, et donc responsable du quand et du comment mourir. Un argument qui est sûrement en prise avec le contexte culturel actuel. Décider de mourir quand et comment l’on veut est pourtant un choix dans lequel sont impliquées d'autres personnes (…) Il est illusoire de penser que le choix de l'euthanasie implique seulement la personne concernée ou se réfère à une liberté individuelle, parce que c'est un choix qui implique beaucoup de gens. »
 
L’euthanasie  « … nuit à la solidarité entre les citoyens (…) encourage inconsciemment dans l'opinion publique l'idée que chacun doit résoudre seul ses propres problèmes. Ce que je crains le plus est précisément cette influence masquée et insidieuse, ce climat que cela génère en particulier auprès des personnes âgées, auprès de celles qui ne suffisent pas à elles-mêmes, et qui peuvent, dans des conditions difficiles, décider de signer un papier et penser qu’avec leur mort tous les problèmes seront résolus. Ne plus être à charge de quelqu’un. Le processus mental est clair: « Je sens que je vieillis, que je commence à perdre mes facultés mentales et physiologiques, je ferais mieux de disparaître… »
 
Le cardinal Leonard cite alors le cas du prix Nobel de médecine, Christian de Duve, qui, à l'âge de 95 ans, en mai dernier, pour ne plus être un fardeau pour son entourage, a décidé de demander l'euthanasie qui lui a été accordée.  Il commente :
 
«  Au lieu d'une solidarité où l’on prend soin des plus faibles, on génère une sorte de libération implicite du faible au moment où il devient un fardeau pour la société… »
 
Face à ce cas mais en pensant aussi aux autres cas qui défrayent ponctuellement la chronique en Belgique, comme le cas récent de Nancy devenue Nathan auquel, estime-t-il, « la presse internationale a accordé à juste titre beaucoup d'attention », le cardinal pense que, vraiment, « il faut s’arrêter ». A propos du projet de loi qui veut étendre le droit à l'euthanasie aux mineurs indépendamment du consentement de leurs parents, il souligne ce paradoxe :
 
«  La loi belge n'autorise pas les mineurs à signer des contrats économiques, ni à se marier, ni à signer des actes qui engagent leur avenir mais, en revanche, si la loi devait passer, ils pourraient décider de mourir, même sans le consentement de leurs parents ».
 
Pour le cardinal Léonard, toutes ces propositions, comme celle aussi d’étendre la loi aux personnes atteintes de démence qui ne répondent plus d'elles-mêmes, sont « des propositions qui minent les liens sociaux, mais aussi la solidarité entre les personnes... Une porte qui menace de s'élargir de plus en plus ».
 

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