Le Père Frank Pavone, leader américain pro-vie, souligne l’engagement du Pape François en faveur de la vie et corrige l’interprétation de trop de médias.
J’ai eu le privilège d’avoir rencontré le pape François quatre fois depuis son élection, et je suis sorti de ces rencontres très conforté par son approche des questions pro-vie.
J’ai eu deux conversations avec le Saint-Père à propos du travail que nous accomplissons en tant que « Prêtres pro-vie » (Priests for Life). Notre directrice, Janet Morana, s’est également entretenue avec lui au sujet de notre travail. En toutes ces occasions, il n’aurait pu s’être montré plus encourageant.
C’est pourquoi, je n’ai pas été inquiet quand les médias ont commencé à rapporter sa « critique » de certains leaders de l’Eglise qui se focalisent trop sur les questions liées à l’avortement.
Le Pape n’est pas là en train de critiquer le fait que l’Eglise se concentre trop sur l’avortement. En fait, il la protège, il la préserve d’être vue comme une simple « règle » ou « directive », détachée des enseignements fondamentaux de la foi chrétienne, qui font de nous d’abord des chrétiens, et détachée de la compassion et de la miséricorde que le Christ étend aux femmes qui ont avorté.
En ce qui concerne ce dernier point, le Pape a fait une remarque pour m’encourager dans mon travail en tant que directeur pastoral des ministères de Rachel Vineyard (guérir le traumatisme de l’avortement) dans le monde entier. Le Pape, qui a entendu parler de ce ministère en Argentine, m’a dit : « Rachel Vineyard est très bien; c’est un excellent travail! Continuez avec ça! »
La raison pour laquelle il se montre particulièrement positif sur Rachel Vineyard et l’ensemble du travail de guérison de l’Eglise après un avortement, ressort de sa récente interview qui a fait la une des journaux. Dans le traitement de l’avortement, a-t-il clairement précisé, nous devons étendre la miséricorde à celles qui ont commis ce péché. Nous qui rejetons l’avortement, nous ne rejetons pas celles qui ont eu des avortements. Au contraire, nous les embrassons avec le pardon et la paix.
Le Pape est un homme de paix : pas seulement un défenseur de la paix en Syrie et dans le monde, mais aussi de la paix dans les cœurs et les âmes ravagées de celles qui ont commis des avortements.
C’est dans ce “contexte” que le Pape demande que soit compris le “non” de l’Eglise à l’avortement. Le « non » à l’avortement est seulement parce que nous disons «oui» à la personne humaine: le bébé, oui, et avec un égal respect la mère et le père, et tout le monde. Il n’est pas un leader pro-vie que je connaisse qui n’adhèrerait pas à ce message.
Le Pape, en outre, dit que les impératifs moraux – comme le «non» à l’avortement – découlent des vérités de la foi. Il l’a illustré dans l’homélie qu’il a donnée le 16 Juin devant une foule énorme qui s’était rassemblée sur la place Saint-Pierre pour la « Journée mondiale de l’Evangile de la Vie ». Fait intéressant, le Pape n’a pas employé le mot « avortement » dans son homélie, mais le message qu’il a délivré a été l’une des dénonciations les plus fortes que j’ai entendue.
Il a déclaré:
« Mais toute l’Écriture nous rappelle que Dieu est le Vivant, celui qui donne la vie et indique le chemin de la vie en plénitude …Les commandements ne sont pas une litanie d’interdictions – vous ne devez pas faire ceci, vous ne devez pas faire cela..; mais un hymne au “oui!”: un oui à Dieu, à l’Amour, à la vie ».
« Trop souvent, l’homme ne choisit pas la vie, n’accueille pas l’Evangile de la Vie’, mais se laisse guider par des idéologies et des logiques qui mettent des obstacles à la vie, qui ne la respectent pas, parce qu’elles sont dictées par l’égoïsme, par l’intérêt, par le profit, par le pouvoir, par le plaisir et non par l’amour
…Le résultat est qu’au Dieu vivant, on substitue des idoles humaines et passagères, qui offrent l’ivresse d’un moment de liberté, mais qui à la fin sont porteuses de nouveaux esclavages et de mort ».
Là encore, nous voyons ce que le Pape veut dire quand il place la position pro-vie de l’Eglise « en contexte ». Il n’est pas simplement en train de dire que « l’avortement est mal », comme s’il s’agissait de quelque “règle” temporaire séparée des enseignements de la foi vraiment essentiels. Au lieu de cela, en expliquant que Dieu lui-même est Vie, et que les attitudes qui nient la vie sont des “idoles”, il nous dit que soutenir l’avortement est une négation de la foi même et, en fait, une négation de Dieu.
Ce faisant, il répond de façon définitive à ceux qui essaient de dire que l’avortement de combat est juste un "hobby", ou un aspect optionnel de l’œuvre de l’Église. Il répond à ceux qui voient l’opposition de l’Église à l’avortement comme rien de plus qu’un élément dans une plate-forme politique qui pourrait changer avec l’élection d’un nouveau pape, un peu comme une politique administrative pourrait changer avec l’élection d’un nouveau président.
En effet, chaque enseignement de l’Église doit être compris dans le contexte de tous les autres enseignements et, en fait, de toute l’histoire de l’Eglise, qui se présente comme la voix de tous les opprimés et marginalisés, y compris les enfants encore dans le ventre de leur mère.
Article initialement publié par Priests for Life: Educational Resources le 1er octobre 2013.