Une visite placée sous le signe du « dépouillement » explique l’évêque de la cité du Poverello.
Il y a une salle à l’archevêché d’Assise inconnue du plus grand nombre. Pourtant c’est là que l’histoire de François a connu un tournant radical. Dans cette pièce dite du « dépouillement », le saint s’est dépouillé de ses vêtements devant l’évêque, en renonçant aux biens de son père Pietro di Bernardone, abasourdi, et aux vanités de ce monde, pour épouser totalement la pauvreté évangélique.
C'est la première fois qu'un pape visitera cette salle .
L’évêque d’Assise, Mgr Domenico Sorrentino, répond aux questions d’Aleteia sur le sens et l’originalité de cette visite.
Une des nouveautés du pèlerinage du pape François à Assise est la visite à la salle du “dépouillement” qui se trouve à l’archevêché : quel moment représente cet épisode dans la vie de saint François?
Mgr. Sorrentino : Dans cet épisode extraordinaire, qui retient peu l’attention des itinéraires de pèlerinages, François exprime la radicalité de son choix : il se donne totalement à Dieu et se rend libre pour la charité envers ses frères et un nouveau rapport avec le monde. Il jette les graines du Cantique des créatures et de l’harmonie universelle qui concerne le corps aussi bien que l’esprit.
Dans cette pièce, François devient « signe » pour le monde ; c’est là un message extraordinairement actuel dans le contexte historique dans lequel nous nous trouvons, de chercher à retrouver l’unité avec la nature et la paix. La visite du Pape nous aidera à relire cette icône historique dans sa véritable signification. Le geste de François était ciblé et témoignait d’une grande ouverture de cœur : un homme totalement donné qui se dépense pour les autres.
Comment s’organise la visite du Pape ?
Mgr. Sorrentino : Une visite pratiquement non-stop pour le Pape! Une totale immersion dans les lieux de la spiritualité franciscaine, sans compter les rencontres avec une foule de gens : son désir de vivre Assise et François correspond à sa sensibilité de pasteur qui ne se dérobe jamais quand il s’agit d’embrasser les gens.
La première étape de la visite sera l’Institut Séraphique d’Assise, qui se consacre à l’accueil et la réinsertion des personnes gravement malades et handicapées. Il s’agit là aussi d’un lieu éloigné des itinéraires franciscains, mais le choix du Pape répond à un objectif précis : aller dans les pas de saint François qui, dans son testament, a lié sa propre conversion à la rencontre avec les lépreux, ceux qui étaient alors les exclus de la société.
« J’ai rencontré les autres dans les plaies des pauvres », affirme le saint : le Pape vient refaire l’expérience originale de François. Dans cette perspective se situe aussi son choix de déjeuner avec les pauvres au Centre de premier accueil de la Caritas diocésaine, à proximité de la gare ferroviaire, à Sainte-Marie-des-Anges.
Il y a aussi les étapes “obligées”: le sanctuaire Saint-Damien où le saint entendit la voix du Crucifié qui l’invitait à réparer son Eglise en ruine; la Sainte Messe sur la place de la basilique Saint-François, avec l’allumage, à la fin, de la lampe votive alimentée par toutes les régions d’Italie –cette année l’Ombrie- la visite des Clarisses à la basilique Sainte-Claire, la prière dans la chapelle de la Portioncule (''La Porziuncola'') et la rencontre avec les jeunes sur la place adjacente à la basilique Sainte-Marie-des-Anges.
François est le saint par excellence de la paix, une véritable urgence ces jours-ci : comment avez-vous accueilli l’appel du pape pour le 7 septembre?
Mgr. Sorrentino: Le diocèse se retrouvera à Sainte-Marie-des-Anges pour prier tous ensemble le rosaire médité. Ainsi la basilique restera ouverte jusqu’à minuit, en syntonie avec le rendez-vous sur la place Saint-Pierre, pour la prière et la méditation silencieuse.
De même, dans la perspective de la paix, le Pape François nous aidera à relire l’expérience authentique du saint d’Assise, pour qui chaque choix de radicalité naît de l’Evangile et de la rencontre avec le Christ. Nous serons dans une attitude d’écoute: l’église d’Assise est d’ores et déjà dans une grande attente.
Traduit par Elisabeth de Lavigne