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Syrie : enquêtes sur les rebelles

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 18/09/13
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Des révélations sur le poids et les exactions des islamistes ou « djihadistes » dans le camp des rebelles obligent à réviser la présentation souvent manichéenne du conflit syrien.
Les Occidentaux poursuivent leurs efforts diplomatiques sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Le rapport de la Mission des Nations Unies en charge de l'enquête sur les allégations de l'utilisation des armes chimiques le 21 août 2013 dans le quartier de la Ghouta à Damas, les pousse à accuser Damas (Le Point).

Mais deux nouvelles études révèlent une série de données alarmantes :

L’une conduite par l'institut britannique de défense IHS Jane's, publiée lundi 16 septembre par le Daily Telegraph, indique que près de la moitié des forces rebelles qui combattent le régime de Bachar Al-Assad en Syrie est constituée de djihadistes et d'islamistes membres de groupes extrémistes.

L’autre conduite par lInstitut international pour la paix, la justice et les droits de l’homme (IIPJDH), une petite ONG basée à Genève, dresse une liste non exhaustive des crimes commis par les rebelles contre les civils au cours de cette année 2013, dont fait écho ce mercredi le Centre de recherche de la mondialisation canadien sur son site  Mondialisation.ca.
 
L'étude d'IHS Jane, basée sur des estimations de renseignement et d'entrevues menées auprès des activistes et des militants, parle de quelque 100.000 rebelles engagés dans le combat, divisés aujourd’hui en près de 1.000 groupes depuis que la guerre civile a éclaté, il y a deux ans et demi.
Parmi eux : environ 10.000 combattants venus de plusieurs pays, membres de groupes liés à Al-Qaida, tandis qu'entre 30.000-35.000 autres sont des islamistes membres de groupes extrémistes uniquement centrés sur le conflit syrien, d'après les experts de l'IHS qui estime à environ 30 000 le nombre des modérés appartenant à des groupes islamiques.
 
Seule une petite minorité de rebelles serait donc liée à des groupes laïques ou nationalistes, et comme « l'idée que ce sont plutôt des groupes laïcs qui dirigent l'opposition n'est pas confirmée », relève Charles Lister, l’auteur de cette étude, il ne fait aucun doute que : « L'insurrection est maintenant dominée par des groupes qui ont au moins un point de vue islamiste sur le conflit».
 
L’étude de l’IIPJDH, de son côté, accuse les médias et les pouvoirs occidentaux d’avoir tout simplement « ignoré, minimisé ou mis en doute »  les massacres commis par les groupes rebelles durant ces 30 mois de conflit, alors que chaque jour, la rébellion, toutes tendances confondues, commente-t-elle, « s’est livrée à des actes d’une sauvagerie inouïe et fièrement revendiqués ». 

Entre enlèvements, attentats, tortures, exécutions sommaires, assassinats ciblés, pogroms et nettoyages ethniques, la liste des horreurs commises contre des civils et religieux du pays est longue, et les chrétiens largement cités dans chacun des cas, surtout ces derniers mois.

Contre les chrétiens, l’étude rappelle entre autres : le massacre, y compris de femmes et enfants, des habitants  du village d’al Duvair situé dans le rif de Homs non loin de la frontière avec le Liban ; l’attaque au village de Wadi Khaled situé dans le gouvernorat d’Idlib, incendié par des milices takfiris, obligeant les habitants à s’enfuir ;  celles des villes de Qamichli et Hassakeh, à l’encontre des centaines de familles chrétiennes, contraintes d’abandonner leurs biens et d’aller se réfugier dans les couvents des environs ; et autres attaques et actions violentes perpétrées au fil des mois, dont celles  à l’encontre de Maaloula, le 4 septembre dernier (cf. Aleteia  du 13 sept. et Aleteia  du 6 sept.).

« A l’aune de ces informations, déclare l’Etude, nous pensons que la communauté internationale doit encourager l’entame des pourparlers entre le gouvernement syrien et l’opposition et mettre sur pied un dispositif de réconciliation entre Syriens. C’est à notre avis, l’unique issue de la guerre qui depuis 30 mois détruit la Syrie, son peuple et sa civilisation. »
 
Or, au plan international, l’option militaire reste sur la table: même si dans l’enquête des Nations unies rien n’est dit sur l’identité des auteurs de l’utilisation des armes chimiques dans le conflit, pour la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ses résultats présentent « une occasion favorable d'avancer sur le sujet », et souhaitent obtenir « du Conseil de sécurité des Nations unies une résolution forte » concernant le conflit syrien, dont on peut imaginer les tragiques conséquences si elle n’était pas appliquée par toutes les parties.
 
La Russie, elle, campe sur ses positions : «  Nous avons les raisons les plus sérieuses de penser que c’était (l’attaque du 21 août) une provocation », a répété mardi le ministre russe des affaires étrangères à son homologue français Laurent Fabius  à Moscou. Il lui rappelle que son pays ne veut pas accuser le régime syrien « sans preuves ». (L’Orient le jour)
 
Mais des doutes, de nombreux Congressistes américains eux-mêmes en ont sur ce dossier :
 
« En fait, ce que j’ai entendu lors de la réunion de présentation d’Obama m’a rendue encore plus sceptique sur certains aspects importants du discours Présidentiel en faveur d’une attaque. », déclare Justin Amash, une des Congressistes qui a eu accès aux documents classés secret défense. « J’ai assisté à une autre réunion sur la Syrie et passé en revue d’autres documents. Maintenant je suis encore plus sceptique que jamais. Je ne peux croire que notre Président pousse à la guerre », ajoute-t-elle.
 
« Je viens juste d’assister à une réunion confidentielle du Congrès sur la Syrie, et franchement, elle soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Ce que j’ai pu voir présenté par l’Administration m’apparait de seconde main », déclare de son côté Tom Harkin, un autre membre du Congrès.
 
« Oui, j’ai eu accès aux documents secrets. Il n’y a pas grand-chose », confirme encore un autre…
 
Et d’autres encore … à lire sur le site du Centre de recherche de la mondialisation canadien Mondialisation.ca. 
 
A lire aussi dans ce contexte l’analyse de Brahma Chellaney, professeur en études stratégiques à New Delhi  (inde), publiée par L’Orient Le Jour sur les objectifs stratégiques américains et leurs risques dans un pays où la moitié du territoire des parcelles considérables du territoire sont déjà sous contrôle islamiste.
 
Sur ce point, pour la première fois, dimanche soir, lors d’un entretien sur TF1, le président français, François Hollande, a fait ouvertement le tri entre « bons » et « mauvais » rebelles au régime syrien, comme le fait remarquer ce mercredi Pierre Haski, dans son article pour le Nouvel Observateur, en commentant d’abord cette « étrange confusion qui a fait dire à François Hollande que la France a combattu les djihadistes en Libye alors qu’elle combattait Kadhafi et que c’est sa chute qui a permis aux djihadistes d’émerger », révélatrice selon lui « d’un dilemme qui a lourdement pesé sur la politique française depuis des mois ».

 

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