Le pape rappelle au clergé de Rome que « la sainteté est plus grande que les scandales » et met en garde contre tout comportement qui éloignerait le fidèle de l’Eglise« La sainteté est plus grande que les scandales ». Tel est, selon l’hebdomadaire du diocèse de Rome “RomaSette”, le message que le Pape a adressé à ses prêtres lors de sa rencontre, le lundi matin 16 septembre, avec le clergé de Rome, en la basilique Saint-Jean-du-Latran.
La rencontre à huit clos, sollicitée par le pape peu après son élection, a duré plus de deux heures, ouverte par un mot d’accueil du cardinal vicaire Agostino Vallini, qui a été suivi d’un échange de questions-réponses entre le Pape et ses prêtres.
Compte-rendu de la rencontre lue sur Vatican Insider :
Le Pape François, a rapporté RomaSette, a parlé avec ses prêtres et répondu à leurs questions « tous azimuts », en regardant avec lucidité les « très graves problèmes de l’Eglise, mais « sans pessimisme». « L’Eglise ne s’écroule pas – a-t-il constaté – Jamais l’Eglise ne s’est portée aussi bien qu’aujourd’hui, c’est un beau moment de l’Église, il suffit de lire son histoire. Il y a tant de saints reconnus aussi par les non-catholiques – songeons à la bienheureuse Mère Teresa – mais il y a aussi tant de sainteté quotidienne d’hommes et de femmes, et cela suscite l’espoir. La sainteté est plus grande que les scandales ».
Une rencontre, rapporte l’hebdomadaire du diocèse de Rome, marquée par le récit de ses expériences de vie à Buenos Aires et par la demande de prier pour lui, en particulier à l’approche du 60e anniversaire – le 21 septembre prochain – de ce jour où il a senti pour la première fois le regard de Jésus sur lui. Et c’est précisément à la nécessité de revenir au “premier amour”, au premier regard de Jésus, que le Pape a invité les prêtres qui remplissaient la basilique : il ‘a fait dans son discours d’introduction, en réponse à la lettre d’un prêtre romain qui partageait avec l’évêque de Rome la « fatigue de son cœur».
Mais la fatigue fait partie de la mission sacerdotale. « Quand un prêtre est en contact avec son peuple, il se fatigue »: face à cette fatigue, a expliqué François, il n’y a que la réponse de Jésus : aller avec les pauvres, annoncer l’Évangile et avancer. Même si bien sûr « la prière devant le tabernacle, la proximité avec les autres prêtres et celle de l’évêque » sont d’une grande aide; se souvenir aussi de moments comme le début de sa vocation, l’entrée au séminaire, l’ordination sacerdotale: « la mémoire est le sang dans la vie de l’Église ».
Le Pape François a critiqué sévèrement ceux qui, dans une paroisse, sont ' davantage' préoccupés de réclamer de l’argent pour un certificat que du sacrement donné et, ce faisant, « éloignent les gens ». En revanche, plus utile est l' « accueil cordial : Il faut que les fidèles se sentent chez eux. Qu’ils se sentent bien. Qu’ils ne se sentent pas ‘exploités’ ». A cet égard, le pape a raconté : « Un jour, un prêtre, d’un autre diocèse que le mien, me disait: ''Mais moi, je ne fais payer rien du tout, pas même les intentions de messe. Je mets pour eux une petite boîte, et ils me laissent ce qu’ils veulent. Mais, Père: j’ai presque le double de ce que j’avais avant ! Parce que les gens sont généreux, et Dieu bénit ces choses ». Si, au contraire, les gens voient qu’il y a un intérêt économique, alors « ils s’éloignent ».
En réponse à un prêtre qui lui demandait comment il se définissait maintenant, vu que quand il était archevêque de Buenos Aires, il aimait se définir simplement comme ''prêtre'', Bergoglio a confié : « Je me sens prêtre, en vérité. Je me sens prêtre, vraiment, évêque … Je me sens ainsi, non'? Et je remercie le Seigneur pour cela ».
“J’aurais peur – a ajouté le Pape – de me sentir un peu ‘plus' important, non ?, cela oui : j’ai peur de cela, parce que le diable est rusé, n’est-ce pas? Il est malin, et te fais sentir que maintenant tu as un pouvoir, que tu peux faire ceci, que tu peux faire cela… et toujours il te tourne autour comme un lion rugissant, nous dit saint Pierre, non? Mais grâce à Dieu, cela je ne l’ai pas perdu, pas encore, non? Et si vous voyez un jour que je l’ai perdu, je vous en prie, dîtes-le moi, et si vous ne pouvez pas me le dire en privé, dites-le moi publiquement, mais dites-le: ''Attention, convertis-toi !, non ? ».
Quant aux indications données par le Pape à ses prêtres, RomaSette mentionne l'«accueil» qu’il faut réserver aux couples non mariés, ainsi que les choix courageux et créatifs en allant vers les « périphéries existentielles ». Mais un 'accueil’, souligne encore l’hebdomadaire du diocèse de Rome, qui doit s’exercer dans la vérité. « Toujours dire la vérité », sachant que « la vérité ne s’épuise pas dans une définition dogmatique » mais s’insère « dans l’amour et dans la plénitude de Dieu ». Le prêtre doit donc «accompagner».
François a également invité le clergé romain à « s’engager sur des routes courageusement créatives ». Citant des exemples de ce qu’il a vécu à Buenos Aires, comme l’ouverture de certaines églises toute la journée, avec un prêtre à disposition pour confesser, ou le lancement de « cours particuliers » pour les couples qui ont l’intention de se marier mais qui ne peuvent pas suivre la préparation au mariage parce qu’ils travaillent tard. La priorité reste les « périphéries existentielles », qui sont aussi « celles des familles » dont a parlé à plusieurs reprises Benoît XVI, avec la question des personnes remariées. « Notre devoir, a-t-il précisé, est de « trouver une autre voie, dans la justice ».
L’évêque de Rome a conclu sa rencontre avec le clergé romain en abordant les questions relatives à la « nullité du mariage », un thème cher à Benoit XVI. Et il a fait savoir que des propositions, des études et des approfondissements sont en cours. En octobre, le groupe des huit cardinaux désignés à cet effet en parlera, ainsi que le prochain Synode des évêques. Ce que rapporte L'Osservatore Romano réalisant une large synthèse du discours que le souverain pontife a adressé aux prêtres romains rencontrés cette semaine en la basilique Saint-Jean-du-Latran.
Le Pape, rapporte à ce propos Radio Vatican, s’est attardé sur le thème de la famille, et en particulier, sur la question délicate de la « nullité des mariages » et sur les « secondes noces » (les divorcés remariés). « Le problème – a expliqué François – ne peut pas se réduire seulement au fait de recevoir ou non la communion. Car celui qui pose le problème en ces termes n’a pas compris quel est le vrai problème ».
« Il s’agit d’un « problème sérieux, a poursuivi le Pape, qui implique la responsabilité de l’Eglise envers les familles qui vivent dans cette situation ».
Une question, a-t-il dit, reprenant ce qu’il avait déjà évoqué dans l’avion qui le ramenait de Rio de Janeiro – qui figurera au programme du groupe des huit cardinaux qui doivent se réunir au tout début du mois d’octobre au Vatican. Et en outre, a ajouté le Pape François, on en parlera au prochain Synode des évêques sur le “rapport anthropologique ' de l’Evangile avec la personne et la famille, de façon à étudier « synodalement» ce problème. « Ce sera là une vraie périphérie existentielle » .
Article traduit par Elisabeth de Lavigne