Angélus de crise, dimanche 1er septembre, Place Saint-Pierre. Le souverain pontifie crie son désarroi face à l’escalade annoncée en Syrie et lance un appel au dialogue et à la réconciliation.« Que le cri de la paix s'élève avec force pour un monde de paix (…) jamais plus la guerre! La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence… » a lancé le pape François dans un appel et une mise en garde très solennels avant la prière de l’angélus, dimanche matin, place Saint-Pierre.
Jamais le pape François n’était apparu à la fenêtre de son bureau le visage aussi grave, le cœur « profondément blessé et angoissé pour la Syrie et pour ce qui se prépare», comme il l’a confié aux fidèles et aux pèlerins rassemblés par milliers sous ses fenêtres.
Il annoncé par la même occasion sa décision d’organiser pour toute l’Église, le 7 septembre prochain, veille de la célébration de la Naissante de Marie, Reine de la Paix, une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier. Journée à laquelle sont invités à s’unir « de la façon qu’ils retiendront comme plus opportune, les frères chrétiens non catholiques, les disciples des autres religions, et tous les hommes de bonne volonté. »
Le pape François qui, la veille, samedi 31 août, avait convoqué une rencontre extraordinaire avec les plus hauts représentants de la diplomatie vaticane pour étudier la possibilité de quelque action du Saint-Siège dans le contexte de la crise actuelle, s’est fait « l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix ! »
Un cri pour dire haut et fort : « Nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! ».
Le pape François, très visiblement préoccupé par les développements dramatiques de la situation syrienne et les lourdes menaces qui pèsent sur le Proche-Orient et sur le monde, condamne avec force l’usage des armes, et en particulier l’usage des armes chimiques, dont il dit avoir encore imprimées dans son esprit et son cœur « les terribles images » de leurs effets sur les populations civiles et sans défense : « Que de souffrance, que de destruction, que de douleur … Que d’enfants ne pourront pas voir la lumière de l’avenir ! »
Mais, rappelle le Pape tout aussi fermement : « Sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper ! Ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence ! ».
De toutes ses forces, il demande donc aux parties en conflit « d’écouter la voix de leur conscience, de ne pas s’enfermer dans leurs propres intérêts, mais de regarder l’autre comme un frère et d’entreprendre courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation, en dépassant les oppositions aveugles » ; et à la communauté internationale de « fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le bien de tout le peuple syrien ».
« Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir une aide humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement aux réfugiés dans ce pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit garantie aux agents humanitaires engagés pour soulager les souffrances de la population, la possibilité d'apporter l’aide nécessaire », ajoute-t-il.
Mais encore :
« Qu’une chaîne d’engagement pour la paix unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté ! C’est une forte et pressante invitation que j’adresse à toute l’Église catholique, mais que j’étends à tous les chrétiens d’autres confessions, aux hommes et aux femmes de chaque religion, ainsi qu’aux frères et sœurs qui ne croient pas : la paix est un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité. »
Et de répéter, comme à bout de souffle :
« Ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du conflit, qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais la culture de la rencontre, la culture du dialogue, c’est la seule route pour la paix. »
Pour conclure :
« Que le cri de la paix s’élève pour arriver au cœur de tous et que tous déposent les armes et se laissent guider par le souffle de la paix ».
Traduction du texte intégral de l'angélus du pape : http://www.vatican.va/holy_father/francesco/angelus/2013/documents/papa-francesco_angelus_20130901_fr.html