L’annonce de la visite du pape à Lampedusa, le lundi 8 juillet, est accueillie avec joie et espérance par l’évêque d’Agrigente et le curé de l’île
« Le pape est fils d’immigré… plus que beaucoup, il peut comprendre ce que signifie cette mutation extraordinaire que nous vivons ici. », déclare le curé de Lampedusa, l’abbé Stefano Nastasi, aussitôt après l’annonce par le Saint-Siège de la visite du pape François sur la petite ile italienne, au large de la Sicile, symbole du drame de l’immigration clandestine.
Le pape François entend « prier pour ceux qui ont perdu la vie en mer, rendre visite aux survivants et réfugiés présents et encourager les habitants de l'île », précise le communiqué du bureau de presse du Saint-Siège qui annonce la visite lundi prochain, 8 juillet, du Souverain Pontife sur la petite italienne de Lampedusa, au large de la Sicile.
« Profondément touché par le récent naufrage d'un bateau transportant des migrants en provenance d'Afrique, dernier épisode d'une série de tragédies semblables, le pape priera pour ceux qui ont perdu leur vie en mer », ajoute le communiqué, et « rendra visite à des survivants et réfugiés présents sur place ; il encouragera les habitants de l'île et en appellera à la responsabilité de tous pour veiller à ce que l’on vienne en aide à ces frères et sœurs dans le besoin. »
Et tout cela dans « la plus grande discrétion possible », ajoute le communiqué aux vues des circonstances particulières de cette visite.
La petite île de Lampedusa est le point de destination de dizaines de milliers de réfugiés ou candidats à l'émigration en Europe, souvent venus d'Afrique subsaharienne et partis d'Afrique du Nord, en particulier de Libye, à bord d'embarcation de fortune.
Au cours des six premiers mois de l'année 2013, ce sont près de 8.000 migrants qui ont débarqué sur les côtes italiennes, soit le double de l'année précédente pour la même période.
Encore récemment, des dizaines d’immigrés ont été retrouvés à proximité de Lampedusa, accrochés à des filets destinés à la pêche au thon. Sept d’entre eux avaient péri.
Mgr Francesco Montenegro, l’évêque d’Agrigente, qui avait invité le pape à visiter l’ile, au cours de la visite ad limina des évêques siciliens, en mai dernier, a réagi à la nouvelle de la visite du pape, déclarant être « surpris et heureux » de la rapidité avec laquelle le pape François avait répondu à cette invitation :
« Le choix de l'île, Lampedusa, comme premier voyage par le Saint-Père, est en lui-même un message fort qui nous permet de lire l'histoire à travers les yeux de Dieu », écrit-il dans un message publié aussitôt après l’annonce (Radio Vatican).
Sa présence sur l’île sera « un soutien pour eux dans leur engagement afin que l'Évangile donne à tous la force de la liberté, de la justice et de la paix » et « un encouragement pour la communauté chrétienne à multiplier ses efforts de charité et d’accueil », souligne-t-il dans un entretien à Aleteia.
Quelques jours après la journée mondiale des Refugiés (20 juin), l’évêque déclare : « A Lampedusa, c’est tous les jours la journée de l’immigré », souligne-t-il, « je le répète tous les jours, l’immigration n’est plus urgence mais quelque chose qui est devenu normal, qui fait partie du quotidien, le pape François a vu qu’il était important de rencontrer ensemble les immigrés et les habitants de l’ile, d’être au milieu d’eux pour les encourager ».
Certaines visites, a-t-il conclu, sont comme « la charrue qui trace des sillons dans le champ : la présence du pape François remuera les cœurs et les intelligences (…) et j’espère que l’attention du pape suscitera l’attention de tous ceux qui, au sein de la communauté civile et ecclésiale, ont des responsabilités envers cette terre et ses problèmes ».
Pour sa part, le curé de Lampedusa, l’abbé Stefano Nastasi, qui avait lui aussi invité le pape à venir les voir à Lampedusa, a accueilli l’annonce de l’arrivée du pape avec joie et enthousiasme.
Le 23 mars, rapporte le Journal La Croix, celui-ci avait écrit au pape pour l’inviter à se rendre « au cœur de la Méditerranée qui souffre ». En vivant sur cette île, avait-il écrit, « on mesure chaque jour ce que signifie vivre aux confins, dans la solidarité et le partage avec ceux, pauvres parmi les pauvres, qui vivent le dénuement extrême. Ils ont tout perdu : la patrie, la famille, la dignité, le nom. »