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Pourquoi l’Eglise est-elle contre les relations sexuelles avant le mariage?

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Joël Sprung - publié le 11/03/13
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L’Eglise n’est pas d’accord pour qu’il y ait des relations sexuelles avant le mariage. Pourquoi est-elle si rigide? Face à tant de mariages qui échouent, n’est-il pas plus sensé d’ « essayer » pour voir si la relation fonctionne, avant de se jeter et risquer un échec ?

L’Eglise n’est pas d’accord pour qu’il y ait des relations sexuelles avant le mariage. Pourquoi est-elle si rigide? Face à tant de mariages qui échouent, n’est-il pas plus sensé d’ « essayer » pour voir si la relation fonctionne, avant de se jeter et risquer un échec ?

La sexualité humaine, voulue par Dieu, est un don bien plus précieux qu’une jouissance ou qu’un mécanisme de procréation. Elle est le lieu d’expression d’un amour de l’autre qui, par l’union des corps, se conforme à l’amour de Dieu dans son union intime avec l’homme. Elle ne peut donc trouver son plein accomplissement qu’ordonnée à Lui dans le sacrement de mariage.

Nous vivons une époque où la sexualité est largement décrite et exposée, sous toutes les coutures, de sa présentation physiologique, et même désormais sociale, aux enfants à l’école, à son utilisation érotico-marchande dans le marketing et les médias. Pourtant la sexualité est bien autre chose qu’un moyen technique de satisfaction de désirs et consommation de plaisirs, entre personnes consentantes. Le corps humain a une signification qui lui est propre, celle d’une intime relation avec Dieu. On peut dire qu’il a été créé en vue de l’incarnation du Verbe, comme lieu de l’union des natures humaine et divine. Saint Paul prévenant les habitants de Corinthe contre la débauche leur dit : « Votre corps est le temple de l’Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. » (1Co 6, 19-20). Mais plus encore que le corps lui-même, l’union des corps des époux porte une très haute signification quant à la relation de l’homme avec Dieu. La vocation de l’homme et de la femme à ne faire qu’une seule chair (Gn 2, 24 ; Mt 19, 5 ; Mc 10, 8) est inscrite dans le principe même de l’homme. Dans l’Ancien Testament, cette union est souvent employée comme image de l’amour entre Dieu et son peuple. Dans la Nouvelle Alliance, nous pouvons dire qu’elle incarne l’union du Christ et de son Eglise.

L’union des corps est donc une haute expression de l’amour, puisqu’elle conforme la relation de couple à l’amour divin et, sous le mode sacramentel, incarne réellement cet amour. C’est pourquoi pour les baptisés, l’union charnelle n’a de sens que dans le cadre du sacrement de mariage. Cette vocation à ne faire qu’une seule chair, réalisée dans l’union charnelle des époux, communique sa grâce en délivrant l’homme de son incapacité à se donner, en purifiant sa relation à l’autre des rapports de domination et de convoitise hérités du péché originel. Par le Christ, dans le mariage, l’amour des hommes peut à nouveau se recevoir de l’amour de Dieu et s’y conformer. Certes, il n’est pas besoin de se marier pour commencer à s’aimer vraiment. Mais cet amour partagé ne trouve son accomplissement qu’en se reconnaissant reçu de Dieu, et consacré en retour à Lui. C’est le sens du sacrement de mariage qui, plus encore que le fait de transmettre la vie, qui donne son sens et sa véritable raison d’être à l’union charnelle.

La signification de l’union charnelle est inscrite en l’homme depuis les origines et n’est pas liée à une époque particulière. L’Eglise, qui veut élever ses enfants vers le Père, ne condamne pas les personnes mais transmet ce qu’elle a reçu de la Révélation, afin qu’en se laissant enseigner par elle, les fiancés puis les époux puissent vivre un amour plus authentiquement tourné vers Dieu.

On entend parfois dire que l’Eglise, et en particulier le clergé, n’y connait rien et ne peut rien y connaitre en matière de sexualité. Certains disent aussi que l’Eglise ne devrait pas se mêler de ce qui se passe dans le lit conjugal. Pourtant inspirée par l’Esprit dans ses enseignements, « experte en humanité » (Paul VI), accompagnant les couples avant et pendant le mariage, dans toute leur diversité, et parce que l’Eglise compte aussi les personnes mariées, on peut dire qu’elle est vraiment compétente en la matière. Son expérience et son inspiration, elle les met au service de tous, non pour exercer un quelconque pouvoir en contrôlant la jouissance des croyants ou leur fécondité, non pas pour condamner, mais pour éclairer. Pour reprendre les mots de Jean-Paul II, l’Eglise n’ajoute aucune exigence à l’amour que celles de l’amour authentique. En matière de sexualité, l’Eglise n’impose pas de disciplines sur le mode du permis et du défendu, mais elle guide les personnes, suivant la mission qu’elle a reçu, pour leur permettre de vivre authentiquement la relation d’amour dans laquelle elles s’engagent.

Ce n’est donc pas parce qu’elle serait inutilement conservatrice, mais par souci de vérité, qu’elle continue d’enseigner que les relations sexuelles, lorsqu’elles ne sont pas ordonnées à Dieu par le sacrement de mariage, alors qu’elles ont vocation à l’être, sont par définition désordonnées. L’Eglise ne prononce aucune condamnation des personnes, et ne fait qu’enseigner, à ceux qui veulent aimer Dieu et lui rendre gloire, de ne pas détourner de sa si haute finalité ce merveilleux don de la sexualité. Comment l’Eglise, parce que l’air du temps le commande, pourrait-elle renoncer à enseigner ce qui est beau, ce qui est vrai ? Nous l’avons vu, cette vocation à l’union charnelle des époux comme incarnation de l’amour divin est inscrite dans l’Homme, dès les origines. Cela n’a rien d’un principe soumis à l’air du temps. Et si cette vocation naturelle, l’Homme est appelé à se l’approprier, ce n’est pas pour en faire un produit culturel, mais un accomplissement surnaturel. Comment l’Eglise pourrait-elle manquer à ce point à son devoir, maternel et magistériel, de nous élever vers Dieu, en ne nous enseignant pas cette vocation que le Seigneur a révélée dans les Ecritures ? Non seulement l’Eglise ne contraint personne à l’écouter, mais au contraire, à l’image du Christ, elle est pédagogue patiente et première médiatrice de la miséricorde du Seigneur. Elle propose, et l’homme dispose librement, autant qu’il puisse exercer sa liberté.

Il y a toujours un risque que l’union conjugale ne marche pas comme on l’espère. Pourtant l’engagement total ne souffre pas de période d’essai. Le don de soi qu’est l’amour véritable est inconditionnel. S’essayer mutuellement, « pour voir », handicape sérieusement la précieuse confiance sur laquelle se construit le couple. Tester sans s’engager est tout le contraire d’une preuve d’amour. En outre, l’union sans engagement comporte de sérieux risques, en cas de conception non désirée d’un enfant.

Aujourd’hui on est habitué à tester avant d’acheter. Mais le choix mutuel des conjoints est d’un autre ordre ! La crainte d’une disharmonie dans les relations sexuelles peut être légitime, bien sûr. Elle peut se vérifier après coup. Elle doit alors faire l’objet d’un difficile travail de guérison pour les couples. Pourtant le mariage, et en lui l’union charnelle, ne peut se vivre authentiquement que comme don total et inconditionnel. Le fait d’essayer avant, pour voir si cela va marcher, est une lourde blessure faite à la confiance sur laquelle se fonde le couple, comme une condition de rétractation dans le don de soi. La réalité de l’amour, c’est d’être un engagement, total, une folie aux yeux des hommes. C’est ainsi qu’est l’amour de Dieu et ainsi qu’Il veut l’amour de l’homme. Le fait de vouloir l’essayer avant, loin d’assurer la pérennité d’une relation, l’endommage considérablement à la base. Elle blesse l’intimité des personnes, en incitant à des relations avec plusieurs partenaires différents. En outre, il peut arriver que l’union charnelle, n’étant alors qu’un essai sans engagement, ait tout de même pour conséquence immédiate la conception d’un enfant. Si l’engagement mutuel dans le mariage, par définition ouvert à la vie, n’a pas précédé l’union charnelle, il y a alors un risque pour l’enfant que ses parents se séparent à cause de sa venue, ou même ne le désirant pas, attentent à sa vie, en particulier quand l’avortement est par trop banalisé.

Par ailleurs, sachant tout le bien qu’il y a à vivre l’union charnelle dans le mariage, ne pas attendre parce que l’on sait le mariage simplement différé, témoigne d’une emprise de la passion, qui concourt à posséder l’autre et l’utiliser pour sa propre satisfaction. Quelle que soit alors la force du désir amoureux, le détourner de sa fin dessert l’amour et nous détourne de Dieu, au contraire de nous rapprocher de Lui. Eprouver le désir charnel sans y céder, comme une épine parfois, en l’offrant à Dieu dans l’amoureuse et patiente attente du mariage, est sans doute la plus belle preuve d’amour que l’on puisse donner, tout à la fois à son fiancé et à Dieu. Mais cela est tellement difficile ! C’est pourquoi il est si important que cela soit vécu sereinement, en couple, et dans ce but, que les couples soient accompagnés et fortifiés dans la foi pendant le temps des fiançailles.

Par Joël SPRUNG  

Marié et père de deux enfants, converti à la foi catholique il y a 10 ans et blogueur sous le pseudonyme de Pneumatis, Joël Sprung est passionné d’anthropologie biblique, et également très soucieux des questions de dignité humaine et de vulnérabilité.


 

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